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à l’occasion. Mais il n’avait pas grand cœur au métier. Edmond Picard, constatant ces médiocres dispositions, lui conseillait franchement de ne pas persévérer : et, après 1884, trois ans après son inscription au barreau, il s’abstint et laissa reposer la toge qui n’était pas faite à sa taille.


Un jour — c’était au début de 1883, l’année du banquet du Mâle pour lequel le jeune poète rima des vers en l’honneur de l’écrivain qu’avait renié les bureaucrates de son pays, — ou peu de temps auparavant — Émile Verhaeren, stagiaire chez Me Picard, était allé trouver celui-ci pour lui confier timidement qu’ « il faisait des vers, lui aussi » et qu’il en avait même écrit tout un volume. Puis, tirant son manuscrit de sa poche, il s’était mis à en lire des fragments. Le patron avait écouté et son hochement de tête ne pouvait être pris pour une approbation… Une autre fois il était allé frapper chez Lemonnier, qu’il ne connaissait pas encore et lui avait apporté son recueil. Et les Flamandes paraissaient en 1883, chez l’éditeur bruxellois Hochstein. L’œuvre était violente, d’une impudeur massive et d’une liberté d’exécution qui devaient provoquer le scandale ; aussi reçut-elle l’accueil qu’en un pareil milieu il était aisé de conjecturer. Des éreintements rurieux rappelèrent à la décence l’audacieux