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trop riche, devaient mettre le sceau à son éducation de villageois des plaines de l’Escaut.

Le jeune Verhaeren fréquenta l’école communale de Saint-Amand jusqu’à sa première communion, qui eut lieu le 18 mars 1866, — date gravée sur le fermoir de son livre de communiant qu’il conserve comme une relique de son enfance. Il allait avoir onze ans et il était temps de songer à des études plus sérieuses. Alors c’est le départ pour Bruxelles et l’exil à l’Institut Saint-Louis, où il passa deux ans. Finie la belle vie de plein air et de vagabondage, réduite maintenant aux seuls mois de vacances que l’écolier venait passer sous le toit familial. Vers treize ou quatorze ans, il entre au collège Sainte-Barbe, à Gand, sur les bancs duquel viendront s’asseoir, quelques années après lui, Maeterlinck et Van Lerberghe. Leurs souvenirs à tous trois concordent absolument. Cet établissement de Jésuites avec son préau sinistre, ses couloirs sombres et étouffants aux aspects de pénitencier, et la science qu’y débitaient les « bons pères », leur a laissé les mêmes impressions lugubres excessivement.

De ces noires et banales années d’internat se lève pourtant un bon souvenir : l’amitié étroite qui unissait Émile Verhaeren à son condisciple Georges Rodenbach. Et ce fut sur les bancs du collège Sainte-Barbe, en troisième latine, que tous deux commencèrent à écrire des vers. Un professeur de seconde latine, le Père Volders, encourageait leurs essais, et les deux poètes de quinze ans passaient