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ÉMILE VERHAEREN




Un monde s’est, par de brusques saccades ou d’invisibles métamorphoses, renouvelé des assises au faîte. Toutes les conditions de la vie ont changé. La conscience de l’homme s’est modifiée. À travers aujourd’hui, nous avons le sentiment de vivre un recommencement d’humanité.

Dédaigneux de notre âge et de ses travaux, des poètes ont persisté cependant à susurrer leurs lointaines petites chansons, satisfaits de prolonger sur leur chalumeau l’écho parfait des flûtes anciennes : cela, en face du monde énorme en renouveau, d’un pôle à l’autre agissant et frémissant, si colossalement beau de labeur et d’effort. Les électricités qui parcourent la planète ne les ont pas touchés. Ils n’ont pas rajeuni leurs thèmes. Aussi