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s’étant copiés les uns les autres, sans autrement examiner ce qu’ils citaient, ne devaient être comptés que pour un, et sur ce pied là concluez qu’encore que plusieurs nations et plusieurs siècles s’accordent à accuser les Comètes de tous les désastres qui arrivent dans le monde après leur apparition, ce n’est pourtant pas un sentiment d’une plus grande probabilité que s’il n’y avait que sept ou huit personnes qui en sussent, parce qu’il n’y a guère davantage de gens qui croient ou qui aient cru cela, après l’avoir bien examiné sur des principes de Philosophie.

VIII Pourquoi on ne parle point de l’autorité des philosophes.

Au reste, Monsieur, voulez vous savoir pourquoi je n’ai pas mis en ligne de compte l’autorité des Philosophes, aussi bien que celle des Poètes et des Historiens : c’est parce que je suis persuadé que si le témoignage des Philosophes a fait quelque impression sur votre esprit, c’est seulement à cause qu’il rend la tradition plus générale et non pas à cause des raisons sur lesquelles il est appuyé. Vous êtes trop habile pour être la dupe de quelque Philosophe que ce soit, pourvu qu’il ne vous attaque que par la voie du raisonnement, et il faut vous rendre cette justice que dans les choses que vous croyez être du ressort de la raison, vous ne suivez que la raison toute pure. Ainsi, ce ne sont pas les Philosophes, en tant que Philosophes, qui ont contribué à vous rendre peuple en cette occasion, puisqu’il certain que tous leurs raisonnements en faveur des malignes influences font pitié. Voulez-vous donc que je vous dise