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après cela si vous vous en trouvez accablé, ne m’en imputez point la faute, vous l’avez ainsi voulu. Commençons.

III Que les présages des Comètes ne sont appuyés d’aucune bonne raison.


J’entends raisonner tous les jours plusieurs personnes sur la nature des Comètes, et quoi que je ne sois Astronome ni d’affect ni de profession, je ne laisse pas d’étudier soigneusement tout ce que les plus habiles ont publié sur cette matière, mais il faut que je vous avoue, Monsieur, que rien ne m’en paraît convaincant, que ce qu’ils disent contre l’erreur du peuple, qui veut que les Comètes menacent le Monde d’une infinité de désolations.

C’est ce qui fait que je ne puis pas comprendre comment un aussi grand Docteur que vous qui, pour avoir seulement prédit au vrai le retour de notre Comète, devrait être convaincu que ce sont des corps sujets aux lois ordinaires de la nature et non pas des prodiges, qui ne suivent aucune règle, s’est néanmoins laissé entraîner au torrent et s’imagine avec le reste du monde, malgré les raisons du petit nombre choisi, que les Comètes sont comme des Hérauts d’armes qui viennent déclarer la guerre au genre humain de la part de Dieu. Si vous étiez Prédicateur, je vous le pardonnerais, parce que ces sortes de pensées étant naturellement fort propres à être revêtues des plus pompeux et des plus pathétiques ornements de l’éloquence, font beaucoup plus d’honneur à celui qui les débite et beaucoup plus d’impression sur la conscience des Auditeurs, que cent autres propositions prouvées démonstrativement.