Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
ABDISSI.

Bâle de 1532[1], et une de Paris de 1583, a oublié la première qui était la plus digne d’être marquée. Comme je n’ai point sa Bibliothéque ecclésiastique de l’édition de Paris, je n’oserais mettre sur son compte la prétendue édition de Bâle de 1532. Or, à cause qu’il ne marque qu’une édition de Paris, qui est celle de 1583, ses lecteurs ont lieu de croire que les autres, qu’il a marquées ne sont point de Paris : cependant il est certain que cet ouvrage y fut publié l’an 1560, in-8o., avec la préface d’un docteur de Sorbonne nommé Jean Faber. L’abréviateur de Gesner et M. Cave en marquent une de Paris, en 1571, in-8o, Dans l’Eponymologium de Magirus, on avance faussement que cet ouvrage fut imprimé la première fois à Paris, en 1551.

(B) Avoir dessillé les yeux aux autres. ] Consultez Rivet, au chapitre VI du 1er. livre de son Criticus Sacer, où, après avoir observé la prévention de Lazius, et l’autorité qu’Hardingus et Bellarmin ont donnée à notre Abdias, il ajoute : ejus nugas et mendacia non est quòd operosiùs persequamur, quia jam oculatioribus pontificiis ita patent, ex nostrorum animadversionibus, ut eos tam putidi commenti pudeat [2]. Il cite Baronius, Molanus, Possevin, et même Bellarmin devenu plus sage ; il les cite, dis-je, comme des auteurs qui convenaient de la bâtardise de cette histoire des apôtres.

(C) On ne leur accorde point cela. ] Le père Labbe s’emporte d’une étrange manière contre Rivet, à cause du passage que l’on vient de voir. Il peut avoir raison de soutenir que les catholiques ont reconnu l’imposture, avant que les protestans leur fournissent là-dessus aucune lumière : mais on ne saurait l’excuser de son aigreur injurieuse ; car voici comme il parle[3] : Hasce quisquilias ab otioso fabulatore, qui merità jure pseudo-Abdias dicitur, confictas interpolatasve, nullius fidei atque auctoritatis esse apud eruditos docuerunt jampridem catholici tractatores, Sixtus Senensis, Joannes Hesselius, Joannes Molanus, Cardin, Baronius, Possevinus, Salmero, Miræus, aliique, ut sileam Vossium, Cocum, Rivetum, similesque heterodoxos criticos, in alienis ab ecclesiâ catholicâ castris militantes, atque ex catholicorum duntaxat scriptis et observationibus suffarcinatos. Mentitur enim pro more Andreas Rivetus, qui libri I, cap. VI, effutire ausus est, oculatiores pontificios ex suorum, hoc est, hæreticorum hominum animadversionibus edoctos, nugas et mendacia illius operis deprehendisse, ita ut eos tam putidi commenti pudeat. Sed, amabo, quis Calvini catulus hoc commentum subodoratus est ante Hesselium, Molanum, Sixtum, ipsumque adeò Paulum IV, romanum pontificem, qui inter scripta à se damnata rejicit ? Je crois que l’on condamna encore ce livre à Rome depuis la mort de Paul IV : car je ne pense pas que Claude d’Espense veuille parler de la condamnation faite sous ce pape, lorsqu’il dit : Qualiscumque autor sit Abdias, superiore certè quàm hæc scriberemus anno, à romanis inquisitoribus proscriptus est. Ces paroles sont dans le chapitre V du livre V de la Continence. Le continuateur de Magirus a tort d’en conclure[4] que l’année dont il s’agit là est 1568. Cet ouvrage de la Contimence ne fut-il pas imprimé en 1565[5] ? Pierre-Paul Verger, auteur protestant, mort en 1565, avait crié contre l’imposture de cet Abdias, dans son Idolum Lauretanum, composé en italien, traduit en latin et imprime en 1554, in-4o.

  1. C’est ainsi qu’il y a dans l’édition d’Amsterdam, tom. I, pag. 18.
  2. Riveti Operum tom. II, pag. 1076.
  3. Phil. Labbe, Dissert. de Script, Eccles., tom. I, pag. 3.
  4. Eponymol. Critic., pag. 2.
  5. Voyez Launoii Hist. Colleg. Navarr., pag. 710.

ABDISSI (A), patriarche de Muzal, dans l’Assyrie, au delà de l’Euphrate, vint à Rome l’an 1562 ; et, ayant rendu ses hommages à Pie IV, reçut de lui le pallium. Comme le concile de Trente était alors assemblé, le cardinal de Mula, protecteur des chrétiens orientaux, ne manqua pas d’écrire sur ce sujet à cette assemblée. Ses lettres furent lues dans la vingt-deuxième session. Elles apprenaient que les peuples