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AMYRUTZES.

point ; qu’il avait toujours prêché qu’il faut obéir aux puissances supérieures, mais qu’il n’avait jamais entendu cela à l’égard de semblables choses, qui intéressent la conscience. En sortant du logis du sénéchal, il alla de maison en maison exhorter ses paroissiens à tout souffrir plutôt que d’exécuter cet arrêt. Le sénéchal le fit publier à son de trompe : le consistoire s’assembla, remercia M. Amyraut de sa conduite, et chargea les anciens de tenir la main à ce que personne ne tendit. Le lieutenant de roi refusa de prêter main forte au sénéchal, et empêcha le tumulte qui commençait à se former. L’arrêt fut révoqué quelque temps après.

(S) Dans le synode de Loudun, il aurait été de la table, etc. ] Si tous ceux qui liront ce livre étaient des Français de la religion, cette remarque serait superflue ; mais elle ne le sera pas à l’égard des autres lecteurs. Il y avait ordinairement dans nos synodes de France quatre personnes qui formaient ce qu’on appelait la table. L’une de ces quatre personnes était le président de la compagnie (on l’appelait le modérateur) ; les trois autres étaient l’adjoint au modérateur, le secrétaire, et celui qui recueillait les actes.

(T) Je parlerai... dans une remarque et de quelque autre petite méprise. ] Patin, dans sa Lettre CXIII de la première édition, dit[1] qu’il y avoit en 1663 un médecin de Niort, nommé M. Lussand, qui vouloit faire imprimer une Apologie pour les Médecins, contre ceux qui les accusent de trop déférer à la nature : il dit que ce médecin entendoit parler et avoit principalement en veue M. Amyraut, ministre de Saumur, qui en a ainsi parlé dans le dernier tome de sa Morale Chrestienne..… Il témoigne[2] n’être pas fort content de M. Amyraut dans cette occasion ; car voici ce qu’il ajoute : « Si M. Amyraut daigne se donner la peine de répondre à ce livre, il est homme à dire là-dessus de belles choses, que Lussand ne sait point, et qui ne sont point dans son livre. Je luy en ay suggéré quelques-unes, dit-il, et entre autres, de beaux passages et de bonnes authoritez ; mais il n’en a pas fait cas. » Cela l’avoit apparemment fâché ; car voicy comme il parle ensuite : « Aussi est-il dans une province qui n’est pas loin du pays d’Adieu-Sias, où on est ordinairement plus glorieux que scavant, etc. » Je ne copie point toute la suite de ce passage, que M. Ancillon a rapportée, et qui est fort désobligeante ; mais j’avertis mes lecteurs que la personne si mal traitée par Patin, est le médecin de Niort, et non pas le théologien dont je donne ici l’article. Je les avertis aussi, que le Traité des Religions contre ceux qui les estiment indifférentes, n’est pas le seul livre de M. Amyraut dont il se soit fait deux éditions[3] : je suis bien certain que l’Apologie pour les protestans a été mise sous la presse plus d’une fois ; que le Traité de la Prédestination, imprimé en 1634, fut réimprimé à Saumur, l’an 1658, avec l’échantillon de la doctrine de Calvin, et avec la réplique à M. de la Milletière sur son offre d’une conférence amiable pour l’examen de ses moyens de réunion ; que ces deux derniers traités avaient paru l’an 1638, et que le libraire qui les réimprima en 1658, avec le Traité de la Prédestination, déclare[4], qu’il redonne ces trois livres au public, parce que l’on ne les trouvait plus. Je suis aussi qu’on réimprima onze Sermons d’Amyraut sur divers textes de l’Écriture, l’an 1653 ; que la Vie de la Noue a été réimprimée à Leide ; que les thèses de ce professeur et celles de ses collègues, ont été réimprimées à Genève ; et que son Traité de l’état des fidèles après la mort a été imprimé à Londres en anglais, et à Utrecht en flamand.

  1. Mélange Critique de Littérature, tom. I, pag. 133, 134.
  2. Patin, Lettre CXIV de la première édition.
  3. On l’affirme dans le Mélange Critique, pag. 132. La 1re. est de 1631, et la 2e. de 1652.
  4. Dans l’Epître dédicatoire aux étudians en théologie.

AMYRUTZES[a], philosophe péripatéticien, natif de Trébizonde, s’était acquis une grande considération à la cour de l’empereur David, son maître, et

  1. Dans le Supplément de Moréri on le nomme mal Amyruta.