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AMÉSIUS.

gnore pas, qu’au lieu des nouvelles lunes, il serait plus sûr de dire, des premiers jours du mois, comme a fait Marsile Ficin[1] ; mais j’ai cru que mon expression serait plus facilement entendue. Voici les termes de Porphyre : ϕιλοθύτου δε γεγονότος τοῦ Ἀμελίου, καὶ τὰ ἱερὰ κατὰ νουμηνίαν, καὶ τὰς ἑορτὰς ἐκπεριΐοντος[2]. Qu’on aille dire après cela que les philosophes sont des impies ! S’ils l’avaient été, ils n’auraient pas tant écrit en faveur du paganisme : ils n’auraient pas été les seules plumes que les chrétiens eurent à combattre ; car pour les prêtres et les sacrificateurs, ils ne se mêlèrent pas de cela : leur ignorance les en dispensait.

  1. Per Calendas sacra faceret, dit-il.
  2. Porphyr. in Vitâ Plotini.

AMÉSIUS (Guillaume), Anglais de nation, fut fait professeur en théologie à Franeker, l’an 1622. Il se mêla beaucoup dans les disputes des Arminiens, et il écrivit divers ouvrages contre eux (A). C’est un des théologiens réformés qui ont traité avec le plus d’exactitude et de méthode les cas de conscience. Il est presque inutile de remarquer qu’il écrivit contre Bellarmin[a], car personne n’ignore qu’en ce temps-là les ouvrages de ce jésuite étaient la butte de presque tous les controversistes protestans. Amésius fit un livre intitulé Medulla theologiæ. Il écrivit aussi quelque chose contre les sociniens et contre la métaphysique, et pour le puritanisme, dont il était sectateur rigide (B). Il publia ce dernier ouvrage en Angleterre, l’an 1610. Je ne dis rien de ses Leçons sur les psaumes, ni de son Explication des épîtres de saint Pierre. Il ne mourut pas l’an 1639, comme le sieur Henning Witte l’assure dans son Diarium biographicum. L’épître dédicatoire de ses Leçons sur les psaumes, en 1635, témoigne qu’il était déjà mort. On voit dans cette même épître, qu’après avoir été douze ans professeur à Franeker il avait obtenu son congé pour aller être professeur à Rotterdam.

  1. Son livre s’appelle Bellarminus enervatus.

(A) Il écrivit divers ouvrages contre les Arminiens. ] Il avait commencé à disputer de vive voix avec Grevinchovius, ministre de Rotterdam : et n’ayant pu dire tout ce qu’il avait sur le cœur, parce qu’on les interrompit, il continua par lettres cette dispute, et publia ce qu’il avait objecté et ce qu’on lui avait répondu. Il s’agissait de deux choses : du rachat de l’homme par la mort de Jésus-Christ, et de l’élection fondée sur la prévision de la foi. Grevinchovius fit une autre édition de leur dispute, à Rotterdam, l’an 1615, in-4o. Amésius répliqua par un écrit intitulé Rescriptio scholastica et brevis, etc. Il fit aussi un livre intitulé Coronis ad Collationem Hagiensem, où il réfuta les réponses que les Arminiens avaient faites aux objections des ministres de Hollande. Son ouvrage, intitulé Anti-synodalia, contient des remarques sur les Scripta synodalia des Remontrans. Il fut imprimé à Franeker, l’an 1629 ; à Amsterdam, en 1646, in-12, etc.

(B) Il écrivit pour le puritanisme, dont il était sectateur rigide. ] Vous trouverez dans la préface que je cite[1] quelques extraits de l’ouvrage qu’il publia contre les épiscopaux, l’an 1610 ; et vous connaîtrez par-là, que, selon lui, il n’y avait pas d’autres gens de bien en Angleterre que les Puritains. Ceux-ci se faisaient connaître par l’aversion pour la comédie, pour les sermens, pour la danse, pour le jeu, pour les collations : le reste n’était que des joueurs, des buveurs, des jureurs, des enfans de Bélial. Il n’y avait point de milieu entre ces deux extrémités, ou d’abolir l’épis-

  1. Grevinchovii præfat. Dissertationis Theolog, de duabus Quæstionibus, etc.