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AMASEUS.

l’ivrognerie qui régnait dans l’université de Louvain[1].

(G) Un de ses fils a témoigné sa reconnaissance dans l’épître dédicatoire d’un livre. ] Il fut imprimé l’an 1651. C’est un in-8o. de 600 pages, intitulé Dissertationum Marinarum Decas, où il y a beaucoup de lecture, et où, sans s’attacher à la nouvelle philosophie, on s’éloigne très-souvent des opinions d’Aristote. Il n’est pas jusqu’à l’orthographe que l’auteur n’ait innovée.

  1. Amama le remarque dans l’épître dédicatoire de sa harangue de Ebrietate.

AMASEUS (Romulus), professeur en grec et en latin, à Boulogne, au XVIe. siècle (A), et secrétaire du sénat[a], se rendit célèbre par son érudition[* 1] et par ses emplois. Il était originaire de Boulogne, et natif d’Udine, dans le Frioul. Le pape Paul III l’attira auprès de soi, pour le faire précepteur d’Alexandre Farnèse son petit-fils[b]. On l’employa ensuite à des affaires plus importantes : on le députa à l’empereur et aux princes de l’empire, et à la cour de Pologne. Il n’y avait point de savans à Rome, sous le pontificat de Jules III, qui brillassent plus que lui. Il fut secrétaire de ce pape. Il fit paraître son intelligence de la langue grecque par la Traduction de Pausanias, et par celle d’un ouvrage de Xénophon [c]. Il a fait aussi un volume de Harangues, et Scholas duas de Ratione instituendi. Pour ce qui est des deux livres qu’il avait écrits, où il faisait voir que la langue latine est plus belle que l’italienne, ils n’ont jamais été imprimés[d]. Quelques-uns disent qu’il mourut l’an 1558, à l’âge de soixante-neuf ans (B). Il laissa un fils, qui s’appelait Pompilius, et qui ne dégénéra point ; car ce fut un homme qui sut du grec, et qui se mêla d’en traduire. Il fut même professeur en cette langue à Boulogne [e]. Je crois que ses traductions se bornèrent à deux fragmens du sixième livre de Polybe (C) : il y fit paraître plus de capacité que Perot et Musculus n’en ont témoigné en traduisant cet auteur[f]. Un habile homme ne laissa pas de l’accuser d’avoir passé tous les endroits difficiles, se contentant d’avertir qu’on en pouvait trouver ailleurs l’interprétation[g]. Quant à son père, l’on convient qu’il s’attachait extrêmement à l’élégance et à la clarté : il étendait ce qui était trop concis, et serrait ce qui était trop diffus ; il éclaircissait les endroits obscurs[h]. Sa Traduction de Pausanias a eu besoin de la révision de Sylburgius.

  1. * Leclerc dit qu’il avait quelque réputation à Rome dès 1513.
  1. Voyez la remarque (B).
  2. Et non pas son neveu, comme Du Rier a traduit le mot nepos de M. de Thou.
  3. L’Expédition du jeune Cyrus.
  4. Tiré du XXIe. livre de M. de Thou, p. 432, et des Additions de M. Teissier.
  5. Bumaldus, cité par Baillet, Jugemens des Savans, tom. IV, pag. 400.
  6. C’est le jugement de Casaubon. Voyez Baillet, là même.
  7. Huetius, de Claris Interpret., p. 122, edit. Batav.
  8. C’est le jugement de M. Huët, même.

(A) AMASEUS (Romulus) professeur en grec et en latin... vivait au XVIe. siècle. ] Moréri ne s’était pas trompé dans cette chronologie : il ne fallait donc pas la changer comme on a fait dans l’édition de Hollande, où, au lieu du seizième siècle, on a mis le quatorzième. Il y avait trois choses à corriger dans cet article, que l’on n’aurait pas dû