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ALTING.

communes, cum didactici, tum elenctici : Problemata, tam theoretica, quàm practica : Explicatio catecheseos Palatinæ cum Vindiciis ab Arminianis et Socinianis, Amstelodami, 1646, en trois volumes. Exegesis Augustanæ confessionis, unà cum syllabo controversiarum lutheranarum, Amstelodami, 1647. Methodus theolosiæ didacticæ et catecheticæ, Amstelodami, 1650. Ceux qu’on n’a point publiés sont en plus grand nombre : la dernière main manque à quelques-uns. On en voit la liste à la fin de la Vie de l’auteur. J’y ai vu que la Medulla historiæ profanæ, publiée par Daniel Pareus, est un ouvrage de notre Alting : c’est un plagiat qui n’a pas été remarqué par Thomasius, ni par M. Almeloveen[1]. L’Histoire ecclésiastique du Palatinat, depuis la réformation, jusqu’à l’administrateur Jean Casimir, est parmi les ouvrages manuscrits d’Alting l’un des plus considérables.

(G) Il n’était point un théologien querelleux. ] Rapportons les propres termes de son historien : Alienus à jurgiis et vitilitigiis cuminisectorum ; ab iis distinctiunculis et ineptiis sophistarum, quibus mysteria salutis potiùs implicantur quàm explicantur ; à scrupulositatibus præcisistarum, qui nodunt quærunt in scirpo, colant culicem, camelum deglutientes[2]. La secte des précisistes faisait du bruit en Hollande, il y a quarante ans[3], plus ou moins : la voilà fort bien caractérisée ; on y coule le moucheron, on y engloutit le chameau ; on y ouvre la porte à des disputes qui ne servent qu’à l’armement des profanes et des libertins. Poursuivons : ab omni deniquè καινωϕονία et novatione in theologicis, quasi illud semper Tertulliani tenens, « primum quodque verissimum. » Il n’y a point de doute que l’amour des nouveautés ne soit une peste qui, après avoir mis en feu les académies et les synodes, ébranle et secoue les états, et les bouleverse quelquefois : ainsi l’on ne saurait trop louer les professeurs qui recommandent à leurs disciples de s’éloigner de cet esprit d’innovation. Il ne faut pas se rebuter, sous prétexte qu’en recommandant fortement l’observation de l’ancienne et commune traditive, il semble qu’on suppose le principe ou la voie de l’autorité, que l’on a rejetée quand on a eu à combattre l’Église romaine : il ne faut point, dis-je, se décourager pour tout cela ; car si l’on attendait à se servir d’une raison jusqu’à ce qu’elle fût à couvert de toute difficulté, on serait trop longtemps sans rien faire.

(H) Les ministres devraient régler leur domestique comme le sien était réglé. ] On savait seulement que personne ne savait ce qui s’y passait, hormis qu’on n’ignorait pas que toutes choses y étaient dans la bienséance, et selon la crainte de Dieu : Hinc in familiâ ejus omnia semper pacata, omnia ordinata, de quâ hoc solum sciretur, quod à nemine sciretur quid in illâ fieret, nisi quòd piè, compositè, decenter omnia fieri neminem lateret[4]. Cela est cent fois plus beau que si le monde s’entretenait de ce qui se dit, et de ce qui se passe chez un ministre. On y a débité une telle nouvelle ce matin[5], dit l’un. On y disputa hier au soir sur une telle réflexion de nouvelliste, dira l’autre. Il peut s’excuser comme Adam, dit un troisième, et dire, la femme que tu m’as donnée me l’a fait faire. Quoi, dit un quatrième, vous n’avez appris cette circonstance qu’en ce lieu-là ? je m’en défie. C’est un mauvais bureau d’adresse, etc. : la Nympha loquax, qui y préside, ajoute et fait ajouter ce que bon lui semble aux relations. Je ne veux point de ses gloses, ni de ses commentaires ; j’en appelle au texte, quelque incertain qu’il puisse être. ne faut pas s’étonner qu’Alting ait été inconsolable après la mort de son épouse, s’il est vrai, comme son historien le débite, qu’il ait vécu avec elle près de trente ans, sans aucune plainte ni contestation : Cum eâ per annos propè triginte sine rixâ, sine querelâ conjunctissimè vixit[6]. Peu de gens se peuvent vanter d’une telle chose, et se plain-

    fer dans la Biographie universelle ; mais les nombreux ouvrages d’Alting n’ont plus qu’un intérêt historique.

  1. Il a publié un Catalogue des Plagiaires à la fin de ses Amænitates Theologico-Philologicæ, Amstelod. 1694, in-8°.
  2. Vita Jacobi Alting.
  3. On écrit ceci en 1698.
  4. Vita Jacobi Alting.
  5. Conférez avec ceci la remarque (N) de l’article de Gruterus.
  6. Vita Jacobi Altingii.