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ALTILIUS.

parlé de la puissance royale. ] Voici les paroles de celui qui présenta à la reine mère une réponse apologétique à l’Anti-Coton : « Après Hotoman, dit-il [1], adjoustons les enseignemens et propres paroles de Jean Arthusius [2], docteur ès droits, en sa Politique méthodiquement digérée, imprimée à Herborn, l’an 1603, au chapitre des Éphores, où, pour ne rien dire du surplus, il escrit entre autres choses, qu’il est loisible d’oster le tyran de sa charge, le priver de l’administration qui lui a y esté commise, voire mesme le mettre à mort, si autre remède ne se trouve, et en substituer un autre à sa place. »
Voici les propres termes d’Althusius [3] : Ejusmodi tyrannum ab officio removere, administratione demandatâ privare, imò etiam, si aliter contra vim se defendere non possunt, interficere, et alium in ejus locum substituere possunt.

  1. Réponse Apologétique à l’Anti-Coton, pag. 185, 186.
  2. Il fallait dire, Althusius.
  3. Althusii Politica methodicè digesta, cap. XIV.

ALTIÉRI. On a parlé de deux cardinaux de ce nom dans le Dictionnaire de Moréri. L’un mourut l’an 1654 ; l’autre fut le pape Clément X. On eût pu joindre à ces deux-là le cardinal Altiéri, qui mourut à Rome le 29 de juin 1698.

ALTILIUS (Gabriel), natif du royaume de Naples, a fleuri vers la fin du XVe. siècle[a]. Il se fit principalement estimer par ses vers latins, qui montrèrent qu’il cultivait la belle littérature, et qu’il lisait les anciens avec beaucoup de profit. Cela lui fut avantageux pour se pousser à la cour de Ferdinand, roi de Naples, laquelle se ressentait encore du bon goût qu’on avait acquis sous le roi Alphonse. Il fut choisi pour précepteur du jeune prince Ferdinand (A). Il paraît même qu’il fut employé à des affaires d’état, et qu’il accompagna Jovien Pontanus à Rome, pour une négociation de paix entre le roi Ferdinand et le pape Innocent VIII[b]. Il eut beaucoup de part à l’amitié et à l’estime du même Pontanus : on en a des marques publiques dans les écrits de ce dernier[c]. Sannazar ne lui a pas donné de moindres marques de son estime dans ses poésies[d] : et ces deux-là ne sont pas les seuls qui l’aient loué (B). L’un des plus beaux poëmes de Gabriel Altilius est celui qu’il composa sur le mariage d’Isabelle d’Aragon (C). On ne croirait pas aisément que des vers latins l’eussent élevé à la prélature ; mais il est sûr qu’ils lui servirent beaucoup à obtenir l’évêché de Policastro. Quelques-uns ont trouvé mauvais que depuis cette élévation, il ait négligé les Muses, qui lui avaient été si utiles (D). Ils ont trouvé de l’ingratitude et de l’impudence[e] dans la manière précipitée dont il les abandonna : et sa faute leur paraîtrait irrémissible, s’ils n’avaient égard aux excuses qu’il pouvait faire sur ce que l’épiscopat exigeait de lui qu’il s’appliquât promptement à l’étude des saintes lettres. Je tâcherai de rectifier ce qu’on a dit touchant le temps de sa mort[f]. On n’a inséré dans le recueil de

  1. Et non pas du XIVe., comme dit Moréri.
  2. Pontanus, præf. Tractatûs de Magnificentiâ.
  3. Il fit l’épitaphe d’Altilius, et il lui dédia le Traité de Magnificentiâ. Voyez aussi son Dialogue Ægidius, pag. 1471.
  4. Eleg. XI, vers. XVII et Epigram. VII.
  5. Voyez ci-dessous le commencement de la remarque (D).
  6. Voyez la remarque (D), à la fin.