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ALTHAMÉRUS.

paroles[1] : Gaudeo D. Rivetum non accedere iis qui Jacobi Epistolam rejecerunt, quorum quidam hoc ampliùs dixêre : « Mentiris Jacobe in caput tuum ; » c’est-à-dire, « Je suis bien aise que M. Rivet ne suive pas ceux qui rejettent l’Épître de saint Jacques, parmi lesquels quelques-uns ont dit de plus, Jacques, tu mens par ta tête. » Voici la seconde pièce. Rivet demanda[2], qui sont ceux qui ont parlé de la sorte ? combien sont-ils ? et il ajouta qu’ayant cherché dans les écrits des jésuites, et des autres controversistes, qui recueillent avidement de pareils faits, si l’on avait reproché aux protestans un blasphème de cette nature, il n’avait rien découvert. La troisième pièce est que Grotius ne nomma personne, lorsqu’il répliqua à son adversaire[3], qui l’avait sommé si expressément et si vivement. Ce silence fit conclure à André Rivet, que Grotius n’avait nul auteur à alléguer. Quòd nunc autores non indicet harum contumeliarum, dit-il[4], ostendit se nullos habere. La quatrième pièce est que Grotius, répliquant tout de nouveau, cita les paroles d’André Althamérus : « Is, qui Jacobum accusavit mendacii, fuit Andreas Althamerus[5]. Liber editus est Argentorati, anno ciↄiↄxxvii. Verba ejusinter cætera sunt : Vult nunc probare suam sententiam, sed directè contra Scripturam agit. Non possumus hìc defendere Jacobum. Citat enim Scripturas falsò ; et solus, Spiritui Sancto, Legi, Prophetis, Christo, Apostolisque omnibus, contradicit. Testimonium ipsius vanum est. Uni ipsi testi non esse credendum, suprà annotavimus, præsertìm cum quo ipse Spiritus Sanctus et tot testes veritatis dissentiant. Credendum multitudini. Paulus multò digniùs sanctiùsque rem tractat. Si Abraham ex operibus justificatus, habet quod glorietur, sed non apud Deum ; quid enim dicit Scriptura ? Credidit Abraham Deo, videlicet promissioni divinæ de semine ; et reputatum, scilicet quia credidit, illi ad justitiam. Non quòd ex filii immolatione justificatum dicit, rectè mentitus est in caput suum. Quindecim enim annos antè immolatum Isaachum justificatus fuit Abraham, etiam nondùm nato Isaacho ; non ex circumcisione, neque filii immolatione, sed ex solâ fide. Dicit enim Scriptura, Credidit, etc. ut nihil habeat Jacobus ad quod refugiat. Nos fidei magistrum constituimus ; et jam suis ipsissimis verbis scimus, nescivisse quid sit fides. Et in fine libri, ne igitur succenseas nobis, lector, si duriùs et vehementiùs calamo quandòque in autorem invecti sumus. Meretur enim hoc odium et hanc spiritûs vehementiam, dùm aliam perfectionem atque justitiam à nobis contendit, quàm fidei. »
La dernière pièce sera que Rivet, voyant enfin une citation formelle, répondit[6] qu’elle ne suffisait pas ; que Grotius s’était servi du nombre pluriel ; et qu’un ne fait pas plusieurs : unus non sunt multi. Il condamna les paroles d’Althamérus ; mais il se plaignit que Grotius n’eût pas déclaré que ce n’était pas un calviniste. Il prouve que c’était un luthérien ; et il lui attribue de s’être chargé aux conférences de Berne de parler pour le parti des papistes, et de soutenir le dogme de la présence réelle : Qui cùm in diputatione Bernensi [7], quam sequuta est Reformatio anni 1528, libera ei facta esset disputandi copia, volens passus est se à parte pontificiâ deligi, ut oratoris munere in suggestu fungeretur, carnalemque Christi præsentiam in cœnâ defenderet. « L’injure qu’il fait à saint Jacques, conclut Rivet, ne nous touche nullement. Toute l’ignominie en rejaillit sur les papistes, et sur les luthériens, dont il a plaidé la cause. »

Sur ces productions, il est aisé de juger : 1°. que Rivet s’engagea sans aucune nécessité dans un incident. Il pouvait laisser passer cette remarque de Grotius, sans faire nul préjudice à

  1. Grotii Animadvers. in Notas Riveti, pag. 1029, tom. III Operum Riveti.
  2. Riveti Examen Animadv. Grotii, pag. 1029, tom. III Operum ejus.
  3. Grotii Votum pro Pace Ecclesiasticâ, ibidem, pag. 1054.
  4. Rivet Apologet. ibidem, pag. 1100.
  5. Grotii Discussio Apologet. Rivetiani, p. 722 Opusculorum Grotii, editionis Amstelodamensis, apud Blaeu, anno 1679, in-folio.
  6. Riveti Grotianæ Discussionis Διάλυσις, pag. 1201 tomi III Operum ejus.
  7. Il se sert, sans le citer, des propres paroles d’Hospinien, Historiæ Sacramentar., part. II, pag. 84.