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ALSTEDIUS.

celui qui a le pouvoir sans le titre, que celui qui a le titre sans le pouvoir.

(D) Lambert refusa la bénédiction qu’on lui demandait à table pour le verre d’Alpaïde. ] Voici comment un historien moderne raconte le fait : Ad epulas invitatur (B. Landebertus) à principe. Pippinus cæterique illustres viri qui aderant, scyphum quisque suum ab antistite benedici, aut, ut alii dicunt, de manu ejus poculum accipere, piâ ambitione cupiebant. Cùm Alpais (nam et ipsa pleno convivio intererat) scyphum suum à Landeberto signari optaret, indignabundus episcopus palatio excessit, convivarum hilaritate confusâ[1]. Conférez avec ceci les histoires rapportées dans les Nouvelles Lettres contre le calvinisme de M. Maimbourg[2].

  1. Hadrian. Valesii Rerum Francicarum lib. XXXIII.
  2. Pag. 614 et suiv.

ALSTEDIUS (Jean Henri), théologien allemand de la religion réformée, a été l’une des plus fertiles plumes du XVIIe. siècle. C’était un écrivain infatigable, et qui soutenait merveilleusement son anagramme[a]. Il fut long-temps professeur en philosophie et en théologie à Herborn, dans le comté de Nassau, d’où il passa en Transylvanie, pour professer à Albe-Jule [b]. Il y mourut, l’an 1638, à l’âge de cinquante ans. Il avait été l’un des pères du synode de Dordrecht. L’une de ses principales occupations état de composer des méthodes, et de réduire en certains systèmes toutes les parties des arts et des sciences. Son Encyclopédie[c] trouva grâce devant les catholiques romains (A) ; car elle fut réimprimée à Lyon, et a eu assez de débit en France. Quelques-uns tiennent qu’un de ses meilleurs ouvrages est un Trésor de Chronologie, dont il y a plusieurs éditions : d’autres en parlent avec mépris. Vossius n’en dit rien : il se contente de marquer en général l’Encyclopédie, et en particulier le Traité de l’Arithmétique[d]. Il reconnaît que cet auteur avait beaucoup de lecture, et que son érudition était fort diversifiée. Ceux qui jugent de lui avec le moins de flatterie conviennent qu’il y a du bon dans ses Méthodes et dans ses Systèmes (B). Il n’a pas persuadé à beaucoup de gens ce qu’il a tâché d’établir dans son Triumphus Biblicus, qu’il faut chercher dans l’Écriture les matériaux et les principes de toutes les sciences et de tous les arts. Il était impossible qu’il publiât un si grand nombre de livres[* 1], sans se servir du travail d’autrui ; mais il s’en servait trop : il copiait sans scrupule les autres auteurs (C), et en prenait à toutes mains. Jean Himmelius, théologien de la confession d’Augsbourg, et professeur en théologie à Iëne, est un de ceux qui ont écrit contre lui (D). M. Moréri n’a point su l’année de la mort d’Alstedius (E), et il eût mieux fait de n’en rien dire.

Je ne devais pas oublier qu’il fut millénaire. Il publia en 1627 un Traité de mille Annis, où il débita que les fidèles régneraient avec Jésus-Christ sur la terre pendant mille ans, après quoi arriverait la résurrection de tous

  1. * On en trouve la liste dans le tome 41 des Mémoires de Nicéron.
  1. Le mot Sedulitas se trouve précisément dans Alstedius.
  2. Witte, Diar. Biograph., tom. I.
  3. Elle est in-folio, divisée en 4 tomes.
  4. Vossius, de Scient. Mathem., p. 326.