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ALYPIUS.

d’une chose douteuse, puis qu’après avoir comparé odieusement la conduite des ministres avec celle des pélagiens, il ajoute[1] : « Ce qui a comblé de joie toute la France, est qu’une ordonnance si juste a été bientôt après suivie de ce grand Édit d’octobre, qui a donné le dernier coup fatal à l’hérésie, en défendant l’exercice public de la prétendue réformée, renversant tous ses temples, et bannissant ceux d’entre ses ministres qui ne voudraient pas renoncer à leurs erreurs. Et c’est là justement ce que l’empereur Honorius fit contre les pélagiens, à la requête du clergé d’Afrique, présentée par Alypius. Car, par l’édit que ce prince lui accorda pour le bien de toute l’église, cette hérésie fut exterminée de l’empire : on défendit à tous ceux qui pouvaient encore en être suspects de s’assembler, et l’on chassa de leurs siéges ces faux évêques, qui ne voulurent pas souscrire à sa condamnation. »

(B) Saint Augustin avait promis la vie d’Alypius dans une lettre écrite à saint Paulin. ] Comme ce qu’il dit dans cette lettre[2] peut donner une idée générale du mérite d’Alypius, il est bon de le rapporter ici : Est etiam aliud quo istum fratrem ampliùs diligas, nam est cognatus venerabilis et verè beati episcopi Alypii quem toto pectore amplecteris et meritò : nam quisquis de illo viro benignè cogitat, de magnâ Dei misericordiâ et de mirabilibus Dei muneribus cogitat. Itaque cùm legisset petitionem tuam quâ desiderare te indicâsti ut historiam suam tibi scriberet, et volebat facere propter benevolentiam tuam, et nolebat propter verecundiam suam, quem cùm viderim inter amorem pudoremque fluctuantem, onus ab illo in humeros meos transtuli : nam hoc mihi etiam per epistolam jussit. Citò ergò, si Dominus adjuverit, totum Alypium inseram præcordiis tuis : nam hoc sum ego maximè veritus, ne ille vereretur aperire omnia quæ in eum Dominus contulit, ne alicubi minùs intelligenti (non enim abs te solo illa legerentur) non divina munera concessa hominibus, sed seipsum prædicare videretur, et tu qui nosti quomodò hæc legas, propter aliorum cavendam infirmitatem, fraternæ notitiæ debito fraudareris.

  1. Maimbourg, Histoire du Pontificat de saint Léon, liv. I, pag. 35, édit. de Hollande.
  2. C’est la XXXIIe.

ALYPIUS (Faltonius Probus), frère de Q. Clodius Hermogénianus Olybrius[a], fut préfet de Rome, sous l’empereur Théodose. Baronius l’a prouvé par des inscriptions [b]. Il ajoute qu’on a plusieurs lettres de Symmaque à cet Alypius (A) ; il cite le Martyrologe romain, qui témoigne que saint Almachius fut tué par les gladiateurs sous la préfecture d’Alypius (B) : enfin il conjecture, 1°. qu’Alypius, gouverneur d’Égypte, avec lequel Jean l’Anachorète eut une conversation (C), est le même que celui dont je parle dans cet article ; 2°. que cet entretien de l’anachorète convertit Alypius. Un savant Anglais[* 1] a conjecturé que le martyr saint Almachius est un saint imaginaire, et que le titre de l’almanach a produit cette merveilleuse canonisation (D).

(A) Baronius dit qu’on a plusieurs lettres de Symmaque à cet Alypius. ] Voici ses paroles : Ad eundem quoque Alypium complures extant epistolæ Symmachi, deque eo meminit in epistolâ ad Flavianum[1]. Il cite la LXXXIIe. lettre du IIe. livre de Symmaque. Dans mon édition je trouve à la LXXXIIIe. ces mots : Jampridem domino et fratri meo Alipio comita-

  1. * Joly nomme Waker, auteur de l’Enthousiasme de l’Église Romaine, et prétend que Bayle n’a composé cet article Alypius, que pour essayer de prouver que Saint Almachius est un saint imaginaire. Il combat en conséquence Bayle, Waker et la Croze qui avait rendu compte de l’ouvrage de Waker dans de tome XI de la Bibl. Universelle.
  1. Sa fille Démetriade est fort louée par des pères.
  2. Baronius, ad ann. 395, num. 18.
  1. Baronius, ad ann. 395, num. 18.