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ALYPIUS.

tir de dessous la presse, avec le texte grec, et avec une nouvelle version accompagnée de notes[1]. Vossius ne s’éloigne pas de croire que l’auteur de cette Description est le même Alypius qui envoya à Julien l’Apostat un ouvrage de géographie : mais, si cela est, ajoute-t-il, il faut dire, selon la remarque de Jacques Godefroi, qu’Alypius la compose avant que de commander en Angleterre ; car on n’y parle de cette île que sur la foi d’autrui : « Britannia, provincia, sicut qui fuerunt narrant, valdè maxima. » Pour moi, je conclurais volontiers de ce passage, qu’Alypius n’a point fait cette Description ; voici sur quoi je me fonde : Il avait été lieutenant en Angleterre depuis long-temps, lorsque Julien lui donna la commission de faire bâtir le temple de Jérusalem : Negotiumque maturandum Alypio dederat Antiochensi, qui olim Britannias curaverat pro præfectis[2]. Il envoya sa Géographie à cet empereur, pendant qu’il commandait sous lui dans quelque province. Il était donc en état de parler de l’Angleterre comme témoin oculaire. Il n’est donc point l’auteur de la Description du vieux monde, dans laquelle on ne parle de cette île que sur la foi de ceux qui y avaient voyagé. Qu’on ne me dise point qu’il a fait deux livres, l’un avant que d’aller en Angleterre, l’autre sous Julien l’Apostat ; et que le premier est la Description publiée par Godefroi : car il y a beaucoup d’apparence que s’il eût fait cette Description, il l’eût insérée dans l’ouvrage qu’il envoya à Julien ; et qu’ainsi, l’on ne se fût plus soucié du premier ouvrage. Il se serait donc perdu, et l’on n’aurait pas aujourd’hui le livre que Godefroi a traduit et orné de notes. Au reste, nous apprenons de Julien, qu’Alypius était poëte : Ἔχει γὰρ, dit-il[3], καὶ τὰ διαγράμματα τῶν πρόσθεν βέλτιον, καὶ κατεμοῦσωσας αὐτὸ προσθεὶς τοὺς ὶάμϐους. Sunt enim in eâ (tabulâ) tum descriptiones prioribus meliores, tum iambi quibus eam exornâsti. Il approuve ensuite la manière dont Alypius traitait les peuples, et le loue de se servir tantôt de douceur, et tantôt de fermeté. Περὶ δὲ τὴν διοίκησιν τῶν πραγμάτων, ὅτι δραςηρίως ἅμα καὶ πράως ἅπαντα περαίνειν προθυμῆ συνηδόμεθα, μίξαι γὰρ πρᾳότητα καὶ σωϕροσύνην ἀνδρεία καὶ ῥώμῃ, καὶ τῇ μὲν χρῆσθαι πρὸς τοῦς ἐπιεικες άτους, τῇ δὲ ἐπὶ τῶν πονηρῶν ἀπαραιτήτος πρὸς ἐπανόρθωσιν οὐ μικρᾶς ἐςὶ ϕύσεως, οὐδ᾽ ἀρετῆς ἔργον. De reipublicæ autem administratione quòd diligenter et humaniter transigere omnia studes gratum est. Et enim lenitatem ac moderationem cum fortitudine et robore ità temperare ut illâ erga bonos viros utare, hanc ad pravos severè corrigendos adhibeas, non mediocris ingenii ac virtutis est.

(C) M. Hofman eût mieux fait d’oublier entièrement cet article. ] 1°. En premier lieu, il écrit Alipius ; 2°. il dit qu’Alipius d’Antioche est l’auteur de la Description du vieux monde ; 3°. que cette Description fut publiée en latin, sous Constantius et Constans ; 4°. qu’il y a un autre Alipius d’Antioche, qui a composé quelque Traité de Géographie ; 5°. que c’est Ammien Marcellin qui l’assure. M. Hofman ne dit que cela : il tombe donc dans plusieurs fautes d’omission ; mais le pis est que le peu qu’il dit est tout plein de fautes de commission.

  1. Vossius, de Scient. Mathem., pag. 248.
  2. Amm. Marcellin., lib. XXIIII, cap. I.
  3. Juliani Epistola XXX.

ALYPIUS, philosophe d’Alexandrie, contemporain de Jamblique, et l’un des plus subtils dialecticiens de son temps, était petit comme un nain ; mais son esprit réparait ce défaut-là. Il eut beaucoup de sectateurs auxquels il se contentait de donner des instructions de vive voix, sans leur rien dicter. Cela fit qu’on le quitta pour s’attacher à Jamblique, sous qui l’on pouvait profiter en plus de manières par des leçons et par des écrits. Jamblique, ayant eu quelques entretiens avec notre Alypius, fit grand cas de son jugement et de son génie, et composa même sa vie, où il loua de plus sa vertu et la fermeté de son âme. Alypius