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ALEXANDER AB ALEXANDRO.

sache point qu’il ait parlé de la charge de protonotaire du royaume de Naples, qu’on prétend qu’il a glorieusement exercée[a]. Je ne sais point quand il mourut ; mais je sais qu’on l’enterra dans le monastère des Olivets[b]. Tout le monde l’a blâmé de l’affectation qu’il a témoignée de ne point citer les auteurs qui lui fournissaient ce qu’il débite[c]. Tiraqueau a remédié à ce désordre par un docte Commentaire qui fut imprimé à Lyon en 1587[d]. On l’a réimprimé à Leide en deux volumes in-8o., l’an 1673, avec les notes de Denis Godefroi, de Christophe Colérus et de Nicolas Mercérus, sur le même texte. J’apprends de la Bibliothéque de Gesner, que l’édition qu’on fit à Paris de cet ouvrage d’Alexander ab Alexandro, l’an 1532, était plus exacte que les autres, et que Gérard Morrhius de Campen, qui la corrigea, avait collationné aux originaux les endroits que l’auteur avait pris d’autrui. Il avait donc collationné bien des choses ; car les six livres des Jours Géniaux ne sont presque que des pièces de rapport. C’est un mélange d’une infinité de recueils concernant l’histoire et les coutumes des anciens Grecs et Romains : on y trouve aussi plusieurs questions de grammaire. L’exactitude n’y est point dans sa perfection (F). Je ne crois pas que la traduction française que Bernard de la Roche en fit[e] ait été jamais imprimée. L’auteur de la Bibliothéque Napolitaine n’a nullement réussi dans l’article de notre Alexander (G) ; mais les additions de Léonard Nicodème sont très-curieuses sur ce sujet (H).

Alciat croyait qu’Alexander ab Alexandro vivait encore l’an 1521. Je donnerai ses paroles, parce qu’elles contiennent le jugement qu’il faisait de cet écrivain (I).

  1. Panzir. de Claris Leg. Interp., lib. II, cap. CXXII.
  2. Leand. Albert. Descript. Ital., p. 277.
  3. Barclaius, de Regno, lib. VI, cap. V ; Cypræus, de Sponsal., cap. XIII, num. 61 ; Vossius, de Hist. Lat., pag. 609 ; Meibomius, de Vitâ Mæcenatis, pag. 138.
  4. Sous le titre de Semestria in Genialium Dierum Alexandri ab Alexandro libros VI. C’est un in-folio. On le réimprima à Francfort, en 1594, in-folio.
  5. La Croix du Maine, pag. 476.

(A) Alexander ab Alexandro. ] Je lui donne son nom latin, comme l’ordonnent nos grammairiens. Ceux qui traduisent Alexandre d’Alexandrie[1] s’abusent. Notre auteur était d’une famille napolitaine, dont le nom était Alexandre. On prétend qu’elle avait déjà produit des gens illustres, comme M. Moréri le rapporte, après Lorenzo Crasso. Chacun sait la plaisanterie[* 1] de Balzac : N’y a-t-il pas eu, dit-il[2], au royaume de Naples un grammairien jurisconsulte, qui s’est fait appeler Alexander ab Alexandro ? Et se peut-il rien imaginer de plus magnifique et de plus superbe, que d’être deux fois Alexandre, que d’avoir Alexandre pour son nom, et de l’avoir encore pour sa seigneurie[3] ?

(B) Il a fleuri vers la fin du XVe. siècle, et au commencement du XVIe. ] Ce qui me fait parler ainsi, est que notre auteur, en parlant des calamités du royaume de Naples, les a conduites jusqu’à la mort de Frédéric,

  1. * Leclerc pense que ce n’est point plaisanterie, mais fausse idée, c’est-à-dire, ignorance de Balzac.
  1. Simon Goulart l’a fait dans la version de Philip. Camerarius.
  2. Balzac, préface du Socrate Chrétien.
  3. Pour parler exactement, il eût fallu dire qu’Alexandre était son nom de baptême et son nom de famille. Une pareille chose s’est vue en d’autres personnes. Voyez Mollerus au Traité De Scriptoribus Homonymis.