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ALEGAMBE.

tenu de l’avidité ardente avec laquelle on recherche les matériaux qu’on n’a pas encore. C’est à Rome qu’Alegambe travailla à dresser la Bibliothéque pour laquelle il avait recueilli tant de mémoires [a]. Elle fut imprimée à Anvers, l’an 1643. Il augmenta de telle sorte ce que le jésuite Ribadeneira avait commencé (B) sur ce sujet, qu’au lieu que l’ouvrage de ce dernier n’est qu’un fort petit in-octavo, le sien est un in-folio d’une raisonnable grandeur. Nous rapporterons dans les remarques le bien et le mal qu’on en a dit (C). Il songeait à une nouvelle édition ; et, pendant les neuf années qu’il survécut à la première, il recueillit beaucoup de choses qui pouvaient servir ou de corrections ou d’additions. Le père Sotuel en a profité, lui qui publia à Rome, l’an 1675, une nouvelle édition de cette Bibliothéque [b].

On ne peut nier qu’il n’y ait dans ce livre-là beaucoup d’auteurs médiocres et beaucoup d’auteurs de la première volée ; mais il y a des gens qui prétendent que, si l’on continue, il s’y trouvera une très-sensible disproportion, c’est-à-dire que les grands hommes seront incomparablement plus rares dans la continuation que dans ce qui a paru jusqu’ici. Cela me donne lieu de communiquer au public ce qui se passa dans un entretien de quelques personnes de lettres, l’an 1697 (D).

  1. Sotuel, ibid.
  2. Sotuel, ibid.

(A) Il n’a pas fait beaucoup de livres. ] Voici tous ceux que le jésuite Sotuel lui donne : Bibliotheca Scriptorum Societatis Jesu, Antverpiæ, 1643, in-folio ; Vita P. Joannis Cardin, Lusitani, ex Societate Jesu, Romæ, 1649, in-12 ; Heroës et Victimæ charitatis Societatis Jesu, Romæ, 1658, in-4°, Mortes illustres et Gesta eorum de Societate Jesu, qui in odium fidei ab Hæreticis vel aliis occisi sunt, Romæ, 1657, in-folio.

(B) Il augmenta beaucoup la Bibliothéque de son ordre, que le jesuite Ribadeneira avait commencée. ] Afin que le lecteur qui voudra savoir l’histoire de la Bibliothéque dont nous parlons n’ait point la peine de passer d’un tome à l’autre, je dirai ici que Pierre Ribadeneira commença en l’année 1602 le Catalogue des Écrivains jésuites. Son écrit ne contenait que peu de feuilles ; il l’augmenta depuis ; il lui donna la forme de livre, et le publia l’an 1608, à Anvers. On le réimprima à Lyon, l’année suivante, avec quelques additions et corrections sur certaines choses qui n’avaient pas été bien connues à l’auteur, touchant les jésuites français. Le père Jules Nigroni s’aperçut que cet ouvrage avait besoin d’être retouché en beaucoup d’autres endroits, principalement à l’égard des jésuites italiens : on fit donc une nouvelle édition en l’année 1613, à Anvers. Le père André Schott en prit soin : elle fut notablement augmentée [1] ; mais c’était encore un ouvrage bien défectueux : et de là vint qu’Alegambe s’engagea à le mettre en meilleur état, et à le rendre plus propre à donner une idée avantageuse de l’érudition de la compagnie. Il le publia l’année 1643. Il a été encore fort augmenté par le jésuite Sotuel, dont l’édition parut à Rome, l’an 1655 ; et il faudra sans doute qu’on l’augmente tout de nouveau, tant parce que la société des jésuites fournit incessamment de nouveaux auteurs, que parce qu’il est échappé plusieurs choses au dernier continuateur qui pourront rendre plus parfaite la Bibhothéque de l’ordre. Le second tome de la Bibliothéque romaine[2] nous apprend que le jésuite Bonanni travaille au Catalogue des Écrivains de sa compa-

  1. Ex præfatione Alegambe.
  2. Imprimé à Rome, l’an 1692 ; l’auteur s’appelle Prosper Mandosio.