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ALCHINDUS.

deux qu’on battait bien le paillard ; mais le scoliaste dit qu’on ne lui fichait la rave que lorsqu’il était près d’expirer sous les coups qu’il avait reçus. Lucien nous insinue tout le contraire ; car le rufien dont il parle, ayant été bien battu, sauta en bas du toit, et s’enfuit avec la rave qui lui bouchait le derrière : Κατὰ τοῦ τέγους ἁλόμενος διέϕυγε ῥαϕανίδι τὴν πυγὴν βεϐυσμένος[1]. De tecto desiliens aufugit natibus raphano oppletis. M. Vossius ne devait pas conclure de ce passage de Lucien, que ce supplice n’était pas mortel ; car il y a bien de l’apparence que, si le patient ne se fût sauvé, il lui en eût coûté la vie tôt ou tard. Les deux vers que M. Vossius cite, et qu’il prend pour le discours d’une adulteresse, qui disait à sa commère que si, au lieu de la rave, on se servait du supplice de la crois contre leurs galans, personne ne viendrait plus vers elles : ces deux vers, dis-je, sont une meilleure preuve que les paroles de Lucien[2]. Les commentateurs de Diogène Laërce ont fort bien compris à quoi Menedème visait, lors qu’il dit à un adultère insolent, que le suc des raves était utile : Πρὸς δὲ τὸν θρασυνόμενον μοιχὸν, ἀγνοεῖς, ἔϕη, ὅτι οὐ μόνον κράμϐη χυλὸν ἔχει χρηςὸν, ἀλλά και ῥαϕανίδες[3]. Audacter exultanti adultero..... « Ignoras..... inquit...... non modò brassicæ succum inesse utilem, sed et raphano ».

  1. Lucian. de morte Peregrini.
  2. Ex Hesychio in ῥαϕανιδωθῆναι. Voyez aussi le Scoliaste d’Aristophane sur les Nuées.
  3. Diog. Laërt., lib. II, num. 128. Vide ibi Aldobrandinum et Menagium.

ALCHABITIUS, astrologue arabe, a composé une Introduction à la Connaissance des influences célestes (A). Il a écrit aussi de la Conjonction des Planètes, et un Traité d’Optique qui fut trouvé dans un couvent d’Allemagne, et apporté à l’auteur du livre de Lumine animæ. Ses ouvrages d’astrologie, traduits par Jean de Séville[a], furent imprimés à Venise en 1491, avec l’exposition de Jean de Saxe, et en 1521, avec les corrections d’Antoine de Fantis, médecin de Trévise, en Italie[b]. On ne sait pas bien en quel temps a vécu Alchabitius.

  1. Joannes Hispalensis.
  2. Gesner. in Biblioth. et ex eo Vossius de Scient. Mathem., pag. 354 et 369.

(A) Il a composé une Introduction à la Connaissance des influences célestes ] Le titre du livre dans Gesner et dans Simler, est Isagoge ad magisterium judiciorum astrorum, vel ad scrutanda stellarum magisteria. Vossius le donne d’une autre manière, mais qui revient au même sens : Isagoge ad scrutanda astrorum indicia[1]. Je pense que ma traduction française y revient aussi ; mais M. Moréri, ayant pris un mot pour un autre dans Vossius, initia pour indicia, nous a donné un titre assez incompréhensible, l’Introduction pour connaître le commencement des astres. Il paraît que Vossius avait cru lire indiciorum, où Gesner et Simler ont mis judiciorum.

Notez que le Traité d’Alchabitius, de la Conjonction des planètes, a été traduit en français par Oronce Finé[2] ; et que M. de la Mare, dans sa préface sur les Œuvres des quatre frères Guiions[* 1], cite les notes manuscrites de Pierre Saumaise, conseiller au parlement de Dijon, sur Alchabitius de Inimicitiis Planetarum. Je tiens cela de M. de la Monnaie.

  1. * Leclerc dit qu’il fallait écrire Guyon.
  1. Vossius, de Scient. Mathem., pag. 399.
  2. Du Verdier, Bibliothéque française, p. 20.

ALCHINDUS, médecin et astrologue parmi les Arabes. Cardan l’a compté entre les douze esprits sublimes qu’il regardait comme les premiers de tous ceux qui ont excellé dans les sciences [a]. C’est renchérir sur Albohazen Haly, et sur Haly Rodoan, qui lui ont déféré le titre de grand astrologue ; et sur Rasis et Mesué, qui le traitent de très-docte et très-expérimenté méde-

  1. Cardan. de Subtilit., lib. XVI. Naudé, dans son Apolog. des grands Hommes, pag. 354, amplifie trop le témoignage de Cardan.