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ALCASAR.

Séville, pendant plus de vingt ans. Il s’appliqua surtout à la recherche des secrets de l’Apocalypse, et il employa près de vingt bonnes années à ce travail[a]. L’ouvrage qu’il a composé là-dessus est un des meilleurs que les catholiques romains aient produits sur l’Apocalypse (A). Il est intitulé Vestigatio arcani sensûs in Apocalypsi, et il a été imprimé diverses fois (B). On prétend que Grotius y a pris beaucoup de ses idées[b]. L’auteur soutient que l’Apocalypse est parfaitement accomplie jusqu’au XXe. chapitre ; et il y trouve les deux témoins sans parler d’Élie ni d’Énoch[c]. Il ne fait aucune difficulté d’abandonner les anciens pères ; et comme toutes ses principales études n’avaient pour but que l’explication de ce livre, l’autre ouvrage qu’on a de lui n’est qu’un Commentaire des endroits du Vieux Testament, qui ont du rapport aux révélations de saint Jean. Il fut imprimé après sa mort sous ce titre : In eas Veteris Testamenti partes quas respicit Apocalypsis, nempè cantica canticorum, psalmos complures, multa Danielis aliorumque librorum capita, libri V. Voilà donc deux volumes in-folio, qui ne sont à proprement parler qu’un Commentaire sur l’Apocalypse ; mais il y a un appendix à chacun : celui du premier volume est un Traité de Sacris Ponderibus et Mensuris ; et celui du second un Traité de Malis Medicis. Alcasar mourut à Séville, le 16 de juin 1615, à l’âge de soixante ans[d]. Vous trouverez l’examen de quelques-unes de ses hypothèses apocalyptiques dans l’ouvrage que M. Heidegger publia à Leide, l’an 1687, sous le titre de Mysterium Babylonis magnæ[e].

  1. Sotuel, Biblioth. Script. Societ. Jesu, pag. 557.
  2. M. de Meaux, préf. de l’Apocalypse, pag. 33, édition de Hollande.
  3. Là même.
  4. Alegambe lui avait donné soixante-trois ans : le père Sotuel a corrigé cette faute.
  5. À la Ire et à la IIe. Dissertation.

(A) Son Commentaire est un des meilleurs que les catholiques romains aient produits sur l’Apocalypse. ] Voici ce qu’en dit Nicolas Antonio : Insignem posuit operam in adornando atque illustrando Apocalypsis libro obscurissimo. Edidit namque lucubrationes suas ad ipsum, ingeniosas quidem, eruditas, elaboratasque, ut censet Cornelius à Lapide. Sed quisnam sponsor erit, telo eum quamvis acuto et forti scopum tetigisse[1] ? Je suis sûr qu’il n’y a point de banqueroutier, ni de prisonnier pour dettes, qui ne trouvât caution bourgeoise plus aisément que n’en trouveraient les explicateurs de l’Apocalypse, s’il y avait un tribunal sur la terre qui taxât à de grosses sommes ceux qui auraient cautionné les fausses explications. Pendant qu’on flatte ses passions, en croyant sans rien risquer, on est crédule : mais pour les cautions que Don Nicolas Antonio demande, c’est en vain que vous les demanderiez.

(B) Imprimé diverses fois. ] Le père Alegambe ne marque que l’édition d’Anvers, chez Jean Keerberge, en 1614 ; et tout aussitôt, il dit que l’autre volume fut posthume. Si le premier n’avait été imprimé qu’en 1614, il aurait été posthume ; et ainsi, on n’aurait pas eu raison de distinguer par-là l’un d’avec l’autre. Il faut donc croire, comme le remarque Nicolas Antonio, que le premier fut imprimé à Anvers, chez Jean Keerberge, l’an 1604. Outre cette édition, Nicolas Antonio parle de celle de 1619, Antverpiæ, apud Nutios, et de celle de Lyon, en 1616. Draudius cote ces deux dernières éditions, et outre cela, une d’Anvers,

  1. Nicol. Antonii Biblioth. Script. Hisp., tom. II, pag. 14.