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ALBRET.

qu’aprés que ses supérieurs l’eurent envoyé à Cologne, pour y enseigner la théologie et la philosophie, et qu’il se fut acquitté de cet emploi avec l’étonnement de ses auditeurs, il alla se faire admirer à Hildesheim, à Fribourg, à Ratisbonne, et à Strasbourg ; qu’il retourna à Cologne, l’an 1240 ; qu’il y eut, entre autres disciples, Thomas d’Aquin, auquel il laissa sa chaire[* 1], lorsqu’il s’en alla professer dans la ville de Paris ; qu’après avoir enseigné trois ans dans Paris, il retourna à Cologne ; qu’il fut fait provincial de son ordre, l’an 1254[* 2] ; qu’il fit les visites des provinces à pied ; qu’il alla à Rome par ordre d’Alexandre IV ; qu’il y exerça la charge de maître du sacré palais ; qu’il y fit des leçons en théologie ; qu’il retourna en Allemagne, l’an 1260[* 3] ; qu’il y fut élu évêque de Ratisbonne ; qu’au bout de trois ans, il obtint la permission de quitter son évêché ; qu’il retourna dans sa cellule de Cologne ; que le pape lui commanda peu après d’aller prêcher la croisade[* 4] par toute l’Allemagne et la Bohème ; qu’en 1274, il assista au concile de Lyon ; qu’il y eut le caractère d’ambassadeur de l’empereur[* 5] ; et qu’enfin il retourna à Cologne[1]. Comment se peut-il faire que Naudé, qui avait tant lu, ignorât toutes ces courses d’Albert-le-Grand ?

(I) Notre Albert était fort petit. ] « Quelques-uns écrivent, que baisant les pieds de sa Sainteté, quand il fut arrivé à Rome, le pape lui commanda de se lever, le croyant encore à genoux, quoiqu’il fût dessus ses pieds[2]. » On conte la même chose de quelques autres personnes. Voyez la remarque (I) de l’article de Jean André : et souvenez-vous de la distinction des logiciens entre quantitas molis, et quantitas virtutis. Le petit Albert-le-Grand y fait penser[3].

(K) On verra ci-dessous quelques particularités. ] « Le livre de Secretis Mulierum, attribué mal à propos à Albert-le-Grand, est l’ouvrage d’un de ses disciples nommé Henricus de Saxonia, sous le nom duquel il a été imprimé plus d’une fois. Voici les termes de Simler : Henrici de Saxonia, Alberti magni discipuli, liber de Secretis Mulierum, impressus Augustæ anno D. 1498, per Antonium Sorg[4]. Et dans le Catalogue de M. de Thou, vous trouverez Henrici de Saxonia de Secretis Mulierum, de Virtutibus Herbarum, Lapidum, quorundam animalium, aliorumque, in-12, Francof., 1615 [5]. Il est visible que le nom d’Albert, plus fameux que celui de Henri, adonné lieu à la supposition.... Jean Pic de la Mirande dit qu’Albert-le-Grand condamna dans un âge plus mûr les livres de magie qu’il avait composés étant jeune...... Androïde n’est point le mot dont on se sert quand on parle de l’homme artificiel d’Albert-le-Grand. C’est un mot absolument inconnu et purement de l’invention de Naudé, qui l’a employé hardiment comme établi. »

    où il enseigna d’abord la philosophie, et puis la théologie. Le père Echard croit aussi qu’il avait été à Paris vers 1238, et que de là il vint à Cologne. » Leclerc, dans sa note, a dit Boulogne, au lieu de Bologne ; remarque qu’il était d’autant plus nécessaire de faire, que Joly, qui, suivant son usage, copie Leclerc sans le citer, n’a pas corrigé cette locution.

  1. * Saint Thomas, dit Leclerc, n’avait alors qu’une année d’étude, et il suivit Albert son maître à Paris. Albert commença à y enseigner au mois d’octobre 1245, et puis retourna à Cologne, à la fin de 1248, ayant reçu le bonnet de docteur. Saint Thomas le suivit encore cette fois.
  2. * En 1255, dit Leclerc.
  3. * Au plus tard en 1257, dit Leclerc.
  4. * Echard n’en dit rien.
  5. * Leclerc remarque que Echard a montré qu’on n’avait nulle preuve de ces faits.
  1. Voyez Bullart, Académ. des Scienc, tom. II, pag. 146, et suiv.
  2. Là même, pag. 148.
  3. Dans un autre ordre, le non est in tanto corpore mica salis contient la même distinction.
  4. Simler, Epitome Biblioth. Gesneri, pag. 332.
  5. À la page 156 de la IIe. partie du Catal. Biblioth. Thuan. 1679.

ALBRET (famille). Elle a été pendant quelques siècles l’une des plus illustres de France par les grands hommes qu’elle a produits, dont le mérite a brillé dans les dignités les plus éminentes du royaume. Tout le monde sait qu’elle a possédé la Navarre et le Béarn. M. Moréri parle au long de cette famille :