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AKIBA.

nées après, en 1677, laissant un fils qui a été commis du contrôle général des finances, et une fille mariée à M. le Vayer de Boutigni, conseiller au parlement de Paris. 2°. Roger Akakia : c’est l’homme d’intrigue dont j’ai parlé ci-dessus dans la remarque (D) du premier Akakia. 3°. Charles Akakia, ecclésiastique fort pieux, attaché à Port-Royal. 4°. Simon Akakia, dit du Plessis, agent des dames de Port-Royal. 5°. N. Akakia, connu sous le nom de M. du Lac. Il prend soin de l’édition des livres de feu M. de Saci sur l’Écriture. Il y a eu d’autres enfans de Jean Akakia, outre ces cinq.

AKIBA, fameux rabbin, a fleuri peu après que Tite eut ruiné la ville de Jérusalem. Il n’était juif que du côté de sa mère, et l’on prétend que son père descendait de Sisera, général d’armée de Jabin, roi de Tyr. Akiba vécut à la campagne jusqu’à l’âge de quarante ans, et n’y eut pas un emploi fort honorable, puisqu’il y gardait les troupeaux de Calba Schwa, riche bourgeois de Jérusalem. Enfin il entreprit d’étudier, à l’instigation de la fille de son maître, laquelle lui promit de l’épouser, s’il faisait de grands progrès dans les sciences. Il s’appliqua si fortement à l’étude pendant les vingt-quatre ans qu’il passa aux académies, qu’après cela il se vit environné d’une foule de disciples, comme un des plus grands maîtres qui eussent été en Israël. Il avait jusqu’à vingt-quatre mille écoliers. Il se déclara pour l’imposteur Bar-cochebas [a], et soutint que c’était de lui qu’il fallait entendre ces paroles de Balaan, une étoile sortira de Jacob, et qu’on avait en sa personne le véritable Messie [b]. Il ne se contenta pas de faire envers lui ce que Samuel avait fait envers les deux premiers rois des Juifs, je veux dire de l’oindre [c] ; il voulut de plus faire la fonction de son écuyer[d]. Les troupes que l’empereur Adrien envoya contre les Juifs, qui, sous la conduite de ce faux Messie, avaient commis des massacres épouvantables, exterminèrent cette faction. Akiba fut pris, et puni du dernier supplice avec beaucoup de cruauté[e]. On lui déchira la chair avec des peignes de fer, mais de telle sorte qu’on faisait durer la peine, et qu’on ne le fit mourir qu’à petit feu[f]. Il vécut six vingts ans, et fut enterré avec sa femme dans une caverne, sur une montagne qui n’est pas loin de Tibériade. Ses vingt-quatre mille disciples furent enterrés au-dessous de lui sur la même montagne[g]. Je rapporte ces choses sans prétendre qu’on les croie toutes. On s’imagine qu’il a supposé un ouvrage au patriarche Abraham (A). Quelques-uns lui attribuent un attentat encore plus condamnable que celui-là : c’est d’avoir altéré le texte hébreu de la Bible (B), afin de pouvoir répondre à une objection des chrétiens (C). Les juifs lui donnent de grands éloges (D), et le regardent comme celui qui leur a appris toute

  1. Ce mot signifie en hébreu, Fils de l’Étoile.
  2. Vide Joh. à Lent, Schediasma Historico-Philologicum de Judæorum Pseudo-Messiis, pag. 9.
  3. Ibidem, pag. 14.
  4. Ibidem, pag. 9 et 15.
  5. Ibidem, pag. 14, ex Tractatu Talmudico. Eruf., fol. 21.
  6. Lent. de Pseudo-Messiis, pag. 15, ex Tractatu Talmudico Berachos, fol. 61.
  7. Ibidem, pag. 15, ex autore libelli de Cippis, ab Hortingero editi, et latinò translati.