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AKAKIA.

et qui est la narration des choses qui se passèrent dans les Provinces-Unies en 1650 et en 1651, par rapport à quelques charges importantes dont la vacance fut remplie. Ce traité avait déjà paru l’an 1652, in-4o. La Relation de la Paix de Munster avait été imprimée en latin l’an 1654.

(B) Comme a fait M. de Wicquefort. ] C’est d’Aitzema qu’il parle dans les paroles que l’on va lire : « L’histoire, ou le récit des affaires d’état et de guerre, qui a été écrite en Hollande, en quatorze ou quinze volumes, contient plusieurs traités, résolutions, et autres pièces authentiques ; de sorte qu’elle peut servir comme d’inventaire à ceux qui n’ont point d’accès aux archives de l’état ; mais ce que l’auteur y a ajouté du sien ne vaut pas la gazette, de quelque façon qu’on le puisse prendre. Il n’a point de style, son langage est tout-à-fait barbare, et ce n’est qu’un chaos que tout le composé de son ouvrage. Cela lui est commun avec la plupart de ceux qui, en ce pays, se mêlent d’écrire l’histoire sans ordre et sans permission, et presque toujours sans jugement et sans vérité[1]. » Avouons que ce jugement est bien sec et bien désavantageux, et qu’il choque bien des gens.

(C) Foppius d’Aitzema, son oncle, résident de Hollande à Hambourg. ] J’ai trouvé un endroit qui le concerne dans l’un des volumes de M. Pufendorf. J’y ai vu qu’en 1636 ce Foppius, envoyé des Provinces-Unies à l’empereur, assura dans Ratisbonne, que Salvius lui avait écrit que les Suédois voulaient commencer à négocier la paix à la cour de Vienne, et que Salvius nia cela[2]. Néanmoins Foppius s’empressait extrêmement à négocier la paix : mais la Suède ne le crut point propre à un tel ouvrage ; et l’on trouvait ridicule qu’il se fît de fête pour un tel dessein, et surtout quand on songeait que depuis qu’il était passé dans la communion de Rome, il employait toutes sortes de moyens à s’insinuer dans les bonnes grâces de l’empereur. Nec Aitzma idoneus tantæ rei autor habebatur, omnibus qui hominem nôrant irridentibus, quòd iste heic se ingerere non dubitaret ; quem præsertìm post suscepta sacra Romana gratiæ Cæsaris omnibus modis adrepere constabat[3].

  1. Wicquefort, de l’Ambassadeur, tom. I, pag. 172. Voyez aussi la page 446.
  2. Pufendorf., de Rebus Suecicis, lib. IX, pag. 296, num. 53, ad ann. 1637.
  3. Idem, ibid.

AKAKIA (Martin), professeur en médecine, dans l’université de Paris, au XVIe. siècle, était de Châlons en Champagne (A). Il s’appelait Sans-Malice[* 1] ; mais selon la coutume d’alors, il changea son nom en celui d’Akakia (B), qui signifie en grec la même chose que Sans-Malice en français. Il le transmit à ses descendans qui l’ont toujours porté jusqu’à cette heure. Il fit des progrès considérables à Paris, sous le professeur Pierre Brissot[a], et apprit de lui la plupart des choses qu’il publia ensuite sur Galien (C). Il fut reçu docteur en la faculté de médecine de Paris, l’an 1526. François Ier., dont il fut l’un des principaux médecins, le considéra beaucoup. Je ne sais point en quelle année il devint professeur en médecine ; mais il l’était au temps que Gesner publia sa Bibliothéque, c’est-à-dire, l’an 1545. Il mourut l’an 1551. Il avait pris pour armes, de gueules à la croix d’or accompagnée de quatre cubes aussi d’or, avec cette devise : Quæcunque ferat fortuna, ferenda est ; Faut supporter fortune, quoi qu’elle apporte. Il prit pour femme Marie Chauveau, veuve de Silvain de Monthelon, et en eut un fils, qui fut

  1. * Leclerc doute que Sans-Malice fût le nom de la famille d’Akakia. Goujet qui, dans son Mémoire sur le Collége royal de France, tom. III, pag. 37, cite les Recherches sur l’Origine de la Chirurgie, rapporte que le vrai nom d’Akakia était Malice.
  1. Moreau, in Vitâ Brissoti.