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AYRAULT.

Allemagne, où il fut receu[1]. Voyez la remarque (A) de l’article suivant.

(F) Il eut quinze enfans. ] Nous destinons un article particulier à son fils aîné. Pierre Ayrault, son second fils, succéda aux vertus et à la charge de son père, et fut président en la sénéchaussée d’Angers, conseiller de ville, et maire. Il procura, en 1603, une profession en droit dans l’académie d’Angers à Guillaume Barclai. La Harangue qu’il fit à Marie de Médicis, mère de Louis XIII, à Angers, le 16 d’octobre 1619, se voit au VIe. tome du Mercure français. Il fut député à l’assemblée des notables convoquée à Rouen en 1617. Il a laissé postérité. Jean Ayrault, son frère, fut avocat au parlement de Paris. Guillaume Ayrault, leur frère, religieux de l’ordre de Saint-Benoît, docteur de Sorbonne, eut beaucoup de part à l’amitié de Louis Servin, avocat général au parlement de Paris. Guyonne Ayrault, l’une de leurs sœurs, épousa Guillaume Ménage, avocat du roi au présidial d’Angers. De ce mariage est sorti feu M. Ménage[2], l’un des plus doctes hommes de France.

  1. Ibidem, p. 251.
  2. Ex Vitâ P. Ærodii. Voyez la Citation (g) de cet article.

AYRAULT (René), fils aîné du précédent, causa un très-grand chagrin à son père. Il naquit à Paris le 11 de novembre 1567, et fut donné à instruire aux pères jésuites[a]. Pierre Ayrault les estimait alors et les aimait [b], et n’aurait pas accepté de plaider contre eux pour les curés de Paris, comme il l’avait accepté en l’année 1564. Ayant vu dans son fils aîné un esprit fort vif, beaucoup de mémoire, et plusieurs qualités aimables, il pria très-instamment le provincial des jésuites et le recteur du collége de Clermont, lorsqu’il leur mit cet enfant entre les mains, qu’on ne le sollicitât en aucune manière à entrer dans leur religion : il leur dit qu’il avait d’autres enfans à consacrer à l’Église ; mais qu’il destinait celui-là à remplir sa charge, et qu’il en voulait faire le soutien de sa famille. On lui promit tout ce qu’il voulut. Néanmoins, les grands talens de ce jeune homme firent souhaiter aux jésuites d’avoir un sujet de cette importance dans leur société ; de sorte qu’après qu’il eut étudié deux années en rhétorique sous le père Jacques Sirmond, ils lui donnèrent l’habit de leur ordre en 1586. Son père, sans l’avis duquel cela s’était exécuté, fait beaucoup de bruit. Il les accuse de plagiat, et les somme de lui rendre son enfant. Ils répondent qu’ils ne savent ce qu’il est devenu. Ayrault impètre chefs de monitoire, et obtient un arrêt du parlement qui ordonne aux jésuites du collége de Clermont de ne point recevoir dans leur ordre René Ayrault, et de notifier aux autres colléges cette défense. On n’obéit pas à cet arrêt : on transporte le jeune homme de lieu en lieu ; on lui change le nom ; on l’envoie en Lorraine, en Allemagne, en Italie (A). Henri III fait agir auprès du pape son ambassadeur et protecteur de ses affaires ; Ayrault en écrit à sa sainteté ; le pape se fait montrer[* 1] le rôle de tous les jésuites du monde ; René Ayrault, revêtu d’un autre nom, ne paraît pas dans le

  1. * Leclerc demande où est la preuve de ce fait.
  1. Menagii Vita P. Ærodii, pag. 245.
  2. Quos tunc ipse et amabat et magni faciebat : quin et eos vocari Andegavum et ibi sedem habere aliquandò voluit. Vita Ærodii, pag. 35. Voyez-en aussi la page 245, où il cite Ayrault au livre III de son Ordre judiciaire.