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AYRAULT.

plus excellens jurisconsultes de ce temps-là. Ayant pris à Bourges le degré de bachelier, il alla revoir sa patrie, y fit quelques leçons publiques sur le droit civil, et y plaida quelques causes. Il avait alors vingt-deux ans. Il retourna à Paris quelque temps après, et y devint l’un des plus célèbres avocats du parlement (A). Il y publia, en 1563, les Déclamations de Quintilien, qu’il corrigea en divers endroits, et qu’il accompagna de notes. L’année suivante, il fit imprimer dans la même ville un Traité du Retrait lignager, composé par François Grimaudet, avocat du roi à Angers, et y mit une préface de la nature, variété el mutation des loix. Il publia, en 1567, un livre intitulé, Decretorum Rerumve apud diversos populos ab omni antiquitate judicatarum libri duo... Accedit Tractatus de origine et auctoritate rerum judicatarum. Il l’augmenta beaucoup dans les autres éditions (B). Il quitta Paris l’année suivante pour aller exercer dans sa patrie la charge de lieutenant criminel. Il l’exerça avec tant d’exactitude que, comme un nouveau Cassius, il fut appelé l’Écueil des accusés. Pendant les désordres de la ligue, il exerça par intérim (C) la charge de président au même siége, et s’en acquitta avec la même intégrité que de l’autre. La ville d’Angers lui témoigna son estime en plusieurs manières, et principalement par la charge d’échevin perpétuel qu’elle lui donna. Il fut fort brouillé avec Philippe Gourreau, maître des requêtes, son compatriote ; et il publia une lettre apologétique contre lui, en 1577[a]. Il fut ferme dans le bon parti contre la ligue ; et il était obligé de l’être, non-seulement par la charge qu’il avait au présidial, mais aussi par celle de maître des requêtes du duc d’Anjou, qu’il avait eue conjointement avec le jurisconsulte Baudouin, avant que ce prince montât sur le trône. La Harangue qu’il fit à ce duc faisant son entrée à Angers, le 7 de janvier 1570, a été imprimée avec le Discours (D) qu’il lui adressa pour le louer de ses victoires et de la restauration de l’université d’Angers. Ce discours roule principalement sur ce que Baudouin avait dédié à ce prince deux anciens panégyriques : celui qu’Euménius avait fait de Constantius, et celui que Pacatus avait fait de Théodose. Le discours qu’Ayrault publia l’an 1569, sur la mort de Henri III, et sur le scandale qu’en avait l’Église, témoigne son attachement au parti de ce monarque. Il n’y mit ni son nom ni celui de l’imprimeur. M. de Thou en a parlé avec éloge [b]. On a trouvé parmi les papiers de l’auteur, la version latine qu’il en avait faite. Il écrivit en ce temps-là un discours où il exhortait Henri IV à se faire catholique ; mais de tous ses ouvrages, celui qui l’a fait le plus connaître dans les pays étrangers, et surtout parmi les protestans, est le Traité de la puissance paternelle (E). Il le composa pendant le procès qu’il eut avec les jésuites, au sujet de son

  1. Il en fit deux éditions dans la même année, à Angers, la seconde plus ample que la première. Cette pièce est en latin.
  2. Thuan. Historiar. lib. XCV.