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DE LA ONZIÈME ÉDITION.

C’est sur le texte des auteurs qu’il rapporte, que Bayle appuie ses raisonnemens, ses argumens. On sent toute l’importance du rétablissement des passages qu’il indique ; aussi les éditeurs de 1730 ont-ils fait, ainsi que ceux de 1740, quelques recherches pour remplir ces lacunes. Je n’ai pu, à mon grand regret, faire tout ce qu’ils m’avaient laissé à faire.

Il est à croire que quelques-unes des remarques critiques, ajoutées en 1720, sont de Prosper Marchand ; mais il est certain qu’une partie est de Leduchat. Dans une des remarques critiques imprimées en 1720, on proposait, à l’article Gournay (Voyez tome VII, page 186), on proposait de lire prière au lieu de briève. Mais dans le Ducatiana, parmi les nouvelles Remarques sur le Dictionnaire de Bayle (tome I, pages 145-217), on lit, page 212 : Au lieu de prière que j’avais substitué à briève, lisez brigue. L’expression n’est pas équivoque. D’après ce qu’on lit dans le Ducatiana, pages 211, 215 et 217, on peut encore regarder Leduchat comme l’auteur des Remarques critiques sur les articles Drusius, VI, 31, Louis XI (Voyez ma note, IX, 425), et Tirésias, XIV, 221. J’irai plus loin : comme Leduchat a beaucoup travaillé sur Rabelais, je lui attribue toutes celles des Remarques critiques où le curé de Meudon est cité ; et il l’est souvent.

L’édition de 1720 du Dictionnaire de Bayle fut dédiée au duc d’Orléans, régent. Le portrait de ce prince devait être mis en tête de la dédicace ; mais on imagina de graver sur le même cuivre, au bas du portrait, dix-neuf vers de Limiers. Les louanges n’étaient pas ménagées au prince tout-puissant ; on le louait surtout de ses opérations financières, etc. Il paraît que le tirage du portrait n’était qu’à peine commencé lorsque intervint l’édit du 21 mai 1720, portant réduction de la valeur des actions de la compagnie des Indes et des billets de banque. Les éloges donnés quelques jours auparavant au système de Law se trouvaient être devenus une ironie ; cela arrive quelquefois. Il fallut en faire le sacrifice : on rogna de la planche de cuivre la portion qui contenait les vers, et l’on reprit et continua le tirage. Les vers ne se trouvent ainsi que dans un très-petit nombre d’exemplaires ; et ce sont les exemplaires où ils se trouvent qui doivent être recherchés à cause de cette particularité.

Ces vers, que mes prédécesseurs avaient omis, me semblent appartenir à l’histoire littéraire, et je n’ai pas manqué de les reproduire[1].

  1. Tome XVI, pag. 29.