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ADAM.

promesse lorsque le temps de l’exécuter se présenta[a]. L’engagement et la non-exécution ont subsisté jusqu’ici dans toutes les éditions de son dictionnaire [b]. Il était difficile d’oublier un écrivain dont on empruntait si souvent beaucoup d’articles. Pour mot, qui me sens très-redevable à ses travaux, je voudrais lui témoigner ma gratitude en donnant un long détail de sa vie ; mais je n’ai su trouver nulle part les matériaux nécessaires. Voici ce que j’ai trouvé. Melchior Adam naquit dans le territoire de Grotkaw en Silésie, et fit ses études dans le collége de Brieg, où les ducs de ce nom avaient grand soin de faire fleurir les belles-lettres, et surtout la religion réformée [c] : j’entends celle qu’un catholique romain appellerait le calvinisme. Le jeune homme apprit dans cette école à être bon réformé. Il eut part, pour continuer ses études, aux libéralités qu’un grand seigneur[d] avait destinées à l’entretien d’un certain nombre d’écoliers. Il devint recteur d’un collége à Heidelberg [e] ; et ce fut dans cette ville qu’il publia, en année 1615, le premier volume de ses Hommes illustres. Ce premier volume, qui contenait les philosophes, et, sous ce nom-là, les poëtes, les humanistes, les historiens, etc., fut suivi de trois autres : celui qui contient les théologiens fut imprimé l’an 1619 : celui des jurisconsultes vint ensuite, et enfin celui des médecins. Ces deux derniers furent imprimés en 1620. Tous les savans dont on voit la vie dans ces quatre tomes in-8o., ont vécu[* 1] au XVIe. siècle, ou au commencement du XVIIe., et sont Allemands ou Flamands ; mais il y a une vingtaine de théologiens des autres pays, dont notre auteur publia les Vies séparément, en l’année 1618[* 2]. Tous ses théologiens sont protestans. Quoiqu’il n’ait composé que peu de ces Vies, il n’a pas laissé de donner beaucoup de temps à cet ouvrage, et d’y prendre beaucoup de peine, parce qu’il a mis en abrégé les écrits qui lui fournissaient les matériaux, soit que ce fussent des Vies proprement dites, soit que ce fussent oraisons funèbres, programmes, éloges, préfaces, ou mémoires de famille. Je ne dis rien des sommaires qu’il a mis aux marges en fort grand nombre. Il a oublié quelques personnes qui n’étaient pas moins considérables que plusieurs de celles dont il a parlé (A). Les luthériens ne sont pas contens de lui[f] ; ils le trouvent trop partial, et ne veulent pas que son recueil serve de règle pour juger de l’Allemagne savante[g].

  1. * Au lieu de ont vécu, Joly dit qu’il fallait écrire sont morts ; ce qui, à la lettre, ne serait pas plus exact, puisqu’il y en a un du XIIIe. siècle, un du XIVe., et quatorze du XVe.
  2. * Bayle a déjà compté quatre autres volumes. Celui-ci est le cinquième dont il parle. Joly a donc tort de lui reprocher d’avoir omis la mention d’un volume. Tous les cinq, réimprimés en 1653, in-8°., l’ont été aussi en 1706, in-folio en cinq parties.
  1. Sous le mot Adam, il dit : cherchez Melchior Adam ; mais quand on va à Melchior. on ne trouve rien là-dessus.
  2. On a écrit ceci en juin 1698.
  3. Melch. Adam, in Epist. dedicat. German. Theol.
  4. Joachim Bergerus. Voyez l’Epître dédicatoire de ses Philosophes d’Allemagne.
  5. Henn. Witte, Diarium Biograph.
  6. Vide Konig. Biblioth. veter. et nov., page 8, ubi citatur Henn. Witte præfat. Memor. Theologorum, pag. 17 et 18.
  7. Morhofius, Polyhistor., pag. 192, 209.