jésuite, de qui quelqu’un de sa communion a dit qu’il n’est le premier homme du monde que de nom seulement. On entend assez par là que c’est le père Adam, qui, pour soutenir son prosélyte, fit paraître en même temps que lui une seconde réponse, à peu près de même taille et de même force que la sienne. »
Ce premier homme du passage qu’on vient de lire m’a fourni dans la première édition de ce dictionnaire une note marginale, qui fera présentement une partie du corps de cette colonne. Voici ce que c’est : « J’ai ouï dire que la reine mère, ayant demandé à un grand seigneur, qui l’avait accompagnée à un sermon du père Adam, ce qu’il en pensait, il la remercia d’y avoir été si bien convaincu de l’opinion des préadamites. On lui demanda l’explication de cette énigme ; il répondit : Ce sermon m’a fait voir très-clairement qu’Adam n’est pas le premier homme du monde. » Vous trouverez ce conte dans la suite du Ménagiana[1], et vous y apprendrez que le grand seigneur qui répondit cela à la reine était le prince de Guémené, et que le sermon qui donna lieu à ce bon mot, fut très-mal recu à la ville et à la cour[2]. Le père Adam y fit une comparaison fort odieuse des Parisiens avec les Juifs qui avaient crucifié Notre-Seigneur. Il compara la reine à la Vierge, et le cardinal Mazarin à saint Jean l’évangéliste. Notez que d’autres donnent ce bon mot à Benserade. Lisez sa Vie, au-devant de la dernière édition de ses Œuvres [3].
(K) Il en fut quitte à bon marché. ] Je trouve trois passages qui le concernent, dans les libellés de l’ex-jésuite Jarrige. Voici le premier : Le père Jean Adam, l’un des meilleurs prédicateurs qu’ils ayent, interprétait à une ursuline du couvent de Saint-Macaire le Traité de la Génération, et parloit avec autant de clarté des parties qui contribuent à la procréation des enfans, que le sieur du Laurent dans son Anatomie[4]. Le second contient ces paroles : Tous ceux qui, l’an 1646, estoient dans le collége de Poitiers, sçavent les querelles de Jean Adam et de Jacques Biroat, deux personnes les plus considérables de l’ordre. Ils se sont si hostilement attaquez, qu’ils ont fait paroistre, par un secret de la Providence de Dieu, leurs puantes ordures, et Jacques Biroat a demeuré convaincu, etc.[5]. Le troisième porte que le plus excellent de leurs hommes de chaire, nommé Jean Adam, est fils d’un couturier[6]. De ces trois passages, il n’y a que le premier qui puisse faire du tort à la mémoire du père Adam ; car le second fait tomber sur la tête du seul Biroat les ordures qui se découvrirent en conséquence de leur démêlé. Ainsi tout ce que la chronique scandaleuse et les anecdotes avaient révélé au père Jarrige, concernant le père Adam, se réduisait à quelques leçons d’anatomie, faites à une religieuse, sur la génération des enfans. Encore un coup, c’est sortir à peu de frais des mains de Jarrige, on me l’avouera, pour peu que l’on fasse réflexion sur le caractère de son ouvrage. Si cet auteur nous avait dit l’âge de la religieuse, nous pourrions plus sûrement juger de la faute. Parler de ces choses avec une jeune religieuse est sans doute un grand péché, à cause qu’il est moralement impossible qu’une telle conversation n’excite des sentimens impurs ; mais je voudrais bien qu’un casuiste de bon sens, qui ne fût ni trop relâché, ni trop rigide, examinât cette question : Une religieuse, d’un âge si avancé qu’elle écouterait une leçon d’anatomie sur les organes de la génération avec la même indifférence que l’explication des parties de l’oreille, pêcherait-elle par la curiosité d’entendre cette leçon ? Je crois qu’on m’avouera qu’il est fort permis à une femme, de quelque condition qu’elle soit, de savoir tout ce qui se dit touchant la circulation du sang. Ce n’est point un péché à elle de savoir que les plus subtiles parties du chyle passent des intestins aux veines lactées, et de là successive-