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ADAM.

que relever l’éclat de celles de Port-Royal. Enfin, ils les déférèrent à l’inquisition de Rome, et employèrent tout leur crédit pour les y faire condamner[1]. » Le cardinal Spada fit entendre à M. de Saint-Amour, que si l’on accusait au tribunal de l’Inquisition cet ouvrage du père Adam, elle le condamnerait. M. de Saint-Amour répondit, que si les Heures qu’il défendoit avoient à estre flestries.... il aimoit autant qu’elles le fussent seules, que dans la compagnie de celles du père Adam, et qu’il ne jugeoit pas qu’il fallust accoutumer ces pères à composer un méchant livre, dès qu’ils en verroient paroistre un bon, qui ne leur plairoit pas, dans l’espérance qu’ils auroient de faire condamner l’un et l’autre, sous ombre de tenir la balance égale, et de mettre la paix entre les uns et les autres [2].

(G) Commencèrent en 1650, et finirent en 1651. ] Le père Sotuel ne marque que cinq ouvrages du père Adam[* 1]. Le dernier est sa Réponse à une lettre de M. Daillé, et parut en 1660 ; et voici les titres des précédens : Calvinus à seipso et à sancto Augustino profligatus, Parisiis, 1650, in-8°. ; Psalmi Davidis, latinè et gallicè, cum canticis undecim, quibus utitur Ecclesia, Parisiis, 1651, in-12 ; Fidelium Regula, ex sacrâ Scripturâ et sanctis Patribus deprompta, Parisiis, 1651, in-12 ; Preces catholicæ, latinè et gallicè, Parisiis, 1651, in-8 et 12.

(H) Une réponse à l’écrit de M. Daillé. ] Le père Sotuel intitule cet ouvrage, Responsum ad Epistolam D. Allii Ministri Charentonensis Hæretici. C’est latiniser misérablement le nom de M. Daillé ; et c’est une marque que le père Sotuel ne lisait guère les livres de controverse. Car où est le controversiste à qui les livres latins de M. Daillé soient inconnus, et qui ne sache, par conséquent, que ce ministre se nommait en Latin Dallæus ? Tous ceux qui savent confusément qu’il y a eu un ministre de Charenton nommé M. Allix, croiraient, sans hésiter, que le père Adam a fait un livre contre lui, s’ils n’avaient point d’autres lumières que celles que l’article de ce jésuite fournit dans le continuateur d’Alegambe : et voilà comment les moindres fautes sur les noms propres sont capables de faire illusion aux lecteurs. Un homme qui aurait pris une fois M. Allix pour l’Allius de ce continuateur, serait capable de le mettre au catalogue des enfans célèbres, et de l’envoyer à M. Baillet[3], comme une addition ; car il le croirait imprimé dès l’année 1660, et réfuté par un jésuite fameux.

(I) Cet ouvrage de M. Daillé demeura sans repartie. ] Les curieux ne seront pas fâchés de voir ici ce que le fils de cet habile ministre a observé touchant ce livre. Il est entre les mains de tout le monde, dit-il, et il a été si bien reçu, qu’on en a déjà fait deux éditions. Ceux de notre communion, pour lesquels il était fait principalement, y trouvent avec satisfaction la plupart de nos controverses traitées d’une façon fort capable de les instruire, et notre religion justifiée de tous les blâmes dont ses ennemis la chargent ordinairement. Et si l’on peut tirer quelque avantage du silence de nos parties, il semble qu’ils aient passé condamnation eux-mêmes, puisque jusqu’à présent ils n’y ont rien opposé, ni l’un ni l’autre, quoiqu’ils aient souvent promis le contraire, et qu’on leur en ait fait des reproches plus d’une fois[4]. M. Daillé le fils venait de dire une chose, qui insinue manifestement que le père Adam fut le convertisseur du ministre Cottibi. Je dois donc la remarquer comme l’une des prouesses de celui qui fait le sujet de cet article. Écoutons donc encore une fois l’historien de M. Daillé : « Non-seulement le néophyte romain, qui était la partie intéressée, se défendit lui-même, en mettant au jour une assez grosse réponse ; mais, de plus, comme si sa cause n’eût pas été en sûreté entre ses mains, il vint à son secours un fameux

  1. * Joly donne le titre de onze. Le quatrième, intitulé, le Tombeau du Jansénisme, et les cinq derniers avaient été omis par Sotuel.
  1. Difficultés proposées à M. Steyaert, IXe. part., pag. 42.
  2. Là même, pag. 45.
  3. Il publia en 1688 un livre intitulé, Des Enfans devenus célèbres par leurs études, ou par leurs écrits.
  4. Abrégé de la Vie de M. Daillé, pag. 35 Il fut imprimé l’an 1670.