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ACINDYNUS.

fraîche, on fut beaucoup plus disposé à crier et à tempêter sur le genre de sa mort : Quæ calumniarum et mendaciorum lerna indè potissimium nata est, quòd recens adhuc esset fabula illa in apologeticâ epistolâ satis refutata, quæ multorum animis altè nimis insederat, ut facile esset improbis quidvis in invidiam trahere, conviciis proscindere, et è plaustro quasi calumniari [1]. Au reste, il assure que l’écrit en question courait depuis assez longtemps de main en main, et qu’apparemment il avait été composé dans la Pologne.

Peu de gens s’étonneront qu’Acidalius ait cru qu’il aurait affaire à une trop forte partie s’il se commettait avec les prédicateurs ; car, comme on est fort enclin à mal juger de son prochain, on se figure assez ordinairement qu’ils ressemblent à Éole :

Æole, (namque tibi divûm pater alque hominum rex,
Et mulcere dedit fluctus et tollere vento)[2] ;


mais de telle manière qu’ils sont plus capables d’exciter une tempête que de l’apaiser. Ce dernier effet demande des hommes graves :

Tum pietate gravem ac meritis si fortè virum quem....

Ille regit dictis animos, et pectora mulcet[3].
Il n’en faut pas tant pour produire l’autre.

(H) Qu’il était médecin. ] On lui donne cette qualité dans un ouvrage de Scioppius[4]. Il arriva en effet jusqu’au doctorat : mais ce fut seulement ad honores ; car il ne pratiqua jamais, et n’eut jamais envie de pratiquer. Il n’y avait que les maladies des manuscrits qu’il se proposât de guérir. Medicum τῇ πράξει nec ago, nec agere propositum unquàm fuit : certo consilio tamen inter ejus artis candidatos nomen dedi, nec pœnitet, eo, quod petii, indè jam ablato, etc. [5]. Un peu auparavant il avait dit, Dabam illic (in Italiâ) me τοῖς Ἀσκληπιάδαις, quorum sacris et in Italiâ fueram initiatus : ce qu’il dit ailleurs[6] signifie davantage, Indè rediens cum solemni illorum (studiorum medicinæ) honore.

  1. Christ. Acidal. præf. Epist. Val. Acidal.
  2. Virgil. Æneld. lib. I, vs. 65.
  3. Ibidem, vs. 151.
  4. Scioppius, de Arte criticâ, pag. 18.
  5. Val. Acidal. Epist. pag. 215, ac etiam pag. 194, 209.
  6. Ibid, pag. 249.

ACINDYNUS (Grégoire), moine grec du XIVe. siècle. Il se joignit à Barlaam, qui, depuis son entrée dans l’église grecque, avait pris à tâche de confondre les hésycastes qui s’étaient fort multipliés parmi les religieux du mont Athos. Les hesycastes étaient des dévots contemplatifs dont le nom fait assez connaître que dès ce temps-là il y avait des quiétistes dans le monde. Ils croyaient voir dans le fort de leurs oraisons une lumière semblable à celle qui parut sur Jésus-Christ lors de la transfiguration à la montagne de Thabor, et ils disaient que cette lumière était incréée, quoiqu’elle fût très-distincte de l’essence de Dieu[a]. Acindynus, secondant l’impétuosité de Barlaam, écrivit contre les illusions de ces fanatiques, et fut un des tenans contre eux dans un concile de Constantinople. Mais il eut le malheur de rencontrer des antagonistes qui avaient plus de crédit que lui ni que Barlaam, et qui leur firent essuyer bien des censures et bien des condamnations en divers conciles. Le mauvais succès qu’il avait eu à celui de Constantinople, environ l’an 1337, ne l’empêcha point d’accuser publiquement d’hérésie les fauteurs de Grégoire Palamas. C’est pourquoi il se vit cité par le patriarche de Constantinople, l’an 1341. Il se trouva au concile, et fut condamné à se taire, sous peine d’excommunication.

  1. Voyez les auteurs cités par le père Maimbourg, Histoire du Schisme des Grecs, liv. V, pag. 149, 150. Edit. de Hol..