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ACIDALIUS.

de Constitutione Carminis Elegiaci plaît à Barthius[1].

(E) Il devint sujet à un mal. ] M. de Thou n’explique point quelle était cette maladie ; mais on apprend d’ailleurs qu’Acidalius s’échauffa tellement le sang lorsqu’il employa trop de veilles à commenter Plaute, qu’il fut sujet depuis ce temps-là à des fièvres chaudes. Voici comme son frère en parle : Uratislaviæ, quæ Silesiorum metropolis, per sesquiannum plus minùs utrumque se mihi præstitit (præceptorem et patrem) ; donec indè Nyssam evocatus familiari morbo suo, quem ex nimiis vigiliis in adornandis Plautinis Divinationibus suis contraxerat, biliosi alias etiam habitûs juvenis, febri scilicet acutissima opprimeretur [2]. Il fut grièvement malade plus d’une fois en Italie, et il écrivait à ses amis que la fièvre était son mal ordinaire en ce pays-là. Voyez ses lettres, à la page 97 et à la 112.

(F) Il ne faisait que commencer sa vingt-neuvième année. ] C’est ainsi que je traduis ce latin de M. de Thou, cum vix annum 28 excessisset. Du Rier traduit, n’ayant pas encore atteint sa vingt-huitième année. Je laisse à juger aux lecteurs s’il a mieux rencontré que moi. M. Baillet ne donne que vingt-sept ans et quelques mois à notre Acidalius[3]. Il a peut-être découvert que l’on n’avait pas appris à M. de Thou avec toute sorte d’exactitude l’âge de ce jeune auteur.

(G) On lui avait imputé à tort un petit livre, etc. ] Geisler l’a justifié de cette fausse imputation, comme il paraît par ce passage de Placcius : Prioris [4] auctor quomodò non ex verò sit habitus Valens Acidalius, vide apud Geislerum decadis 3 n. 8[5]. Nous parlerons de cette dissertation dans l’article Gediccus : mais, sans aller plus loin, je dois dire ici sur quel fondement elle fut attribuée à notre Acidalius. Comme il cherchait à dédommager le libraire qui avait imprimé son Quinte-Curce, et qui se plaignait souvent d’y avoir perdu[6], il lui tomba entre les mains un écrit que plusieurs personnes avaient déjà fait copier : c’est celui dont il est ici question. Il le lut ; et, l’ayant trouvé plaisant, il le copia, et l’offrit à son libraire comme une copie lucrative. Il ne l’exhorta pas néanmoins à la mettre sous la presse : on crut sans doute qu’il suffisait de lui dire qu’elle pourrait le dédommager du mauvais débit de Quinte-Curce ; mais on lui déclara que c’était à lui à voir ce qu’il voulait faire là-dessus, et à bien examiner si les railleries trop libres de la pièce ne le commettraient pas. Cela ne refroidit point le libraire : il se hâta d’imprimer. On cria terriblement contre la dissertation ; on le mit en justice : et, parce qu’il avoua d’où la copie lui était venue, on se déchaîna d’une manière épouvantable contre Valens Acidalius, qui s’étonna qu’on s’alarmât tant pour des jeux d’esprit. Obstupesco ad judicia sæculi nostri, et tam irritabiles animos illorum (bonos non tango) θεολογουμένων. Jocos nemo ferè jam admittit, et ex levissimâ quisque re gravem calumniandi caussam et ansam captat[7]. Il pria son bon ami Monavius d’intercéder pour le libraire auprès des magistrats et des professeurs de Leipsick, et de faire en sorte qu’ils ne fissent rien qui pût flétrir l’honneur de lui Acidalius. Il craignait de n’en être pas quitte pour les diffamations dont on l’accablait : il n’était pas sans quelque peur que l’on n’excitât contre lui la fureur du peuple, et surtout il désirait passionnément de n’avoir rien à démêler avec les prédicateurs. Nomen sic traductum jam in vulgus calumniosis fabulis satis sit, quod est nimio plus satis : ulterius ne quid furori populari concedatur. In primis a theologis et concionatoribus ne quid noceatur mihi, cum quibus nolo committi, nec quicquam magis opto quàm illorum tribunitiis edictis nunquàm misceri, nec scriptis publicis incessi[8]. Il mourut peu de mois après ; et comme la mémoire du scandale que causa la publication de ce livre était encore toute

  1. In Claudian. apud Konigii Biblioth. p. 6.
  2. Christ. Acidal. præfat. Epistolar. Val. Acidalii.
  3. Baillet, Jugem. sur les poët. num. 1346.
  4. C’est-à-dire, Dissertationis Mulieres non esse Homines.
  5. Placcius de Anonymis, pag. 72.
  6. Ut genus hominum lucri cupidum est, cùm aviditati ejus emolumentum editionis non satis respondisset, questum persœpè de jacturâ suâ. Valens Acidal. Epist. Apolog. ad calcem Epistolarum.
  7. Acidalii Epistola Apologet. ad calcem Epistular.
  8. Ibid.