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ACHERI.

portèrent son nom jusqu’à ce Darius [1]. Je ne doute point qu’ils ne l’aient porté encore après lui ; car, outre que Xerxès son fils rapporte son extraction en ligne directe à Achémènes [2], nous voyons en ce même temps un Tigranes, général des Mèdes, qualifié Achéménide[3] : et nous trouvons un Achémènes, dont je parle ci-dessous, qui était frère de Xerxès. Je ne dis rien de Sapor, appelé Achemènes dans Ammien Marcellin : c’est un passage corrompu[4]. M. Chevreau, étonné sans doute de voir cinq générations entre ce Xerxès et Cyrus, croit que ce prince compte d’un côté ses ancêtres paternels, et de l’autre ses ancêtres maternels ; en sorte qu’il ne se fasse sortir d’Achémènes que du côté maternel : mais c’est ce qu’on ne trouve pas dans Hérodote ; à moins qu’on ne change le texte grec, selon la conjecture fort vraisemblable de M. de Saumaise[5].

  1. Dacier sur Horace, tom. II, pag. 243.
  2. Herodot. lib. VII, cap. XI.
  3. Ibidem, cap. LXII.
  4. Voyez M. de Valois in Amm. Marcell. lib. XIX, cap. II, pag. 210.
  5. Salmas. Exercit. Plinian., pag. 1183.

ACHÉMÈNES, fils de Darius premier du nom, roi de Perse, et frère de Xerxès de père et de mère[a], eut le commandement de l’Égypte après que Xerxès l’eut remise sous le joug de l’obéissance qu’elle avait osé secouer[b]. Quelque temps après, il commanda la flotte d’Égypte dans la fameuse et funeste expédition contre la Grèce[c]. On ne trouve point quels autres emplois il eut pendant la vie du roi son frère ; mais on voit que, l’Égypte s’étant encore révoltée après la mort de ce monarque, on y envoya Achémènes pour la remettre dans son devoir[d]. Cette entreprise fut malheureuse, car il fut battu par Inarus, chef des rebelles, assistés des Athéniens.

  1. Herod. Hist. lib. VII, cap. XCVII.
  2. Ibidem, cap. VII.
  3. Ibidem, cap. XCVII.
  4. Ibidem., lib. III, cap. XII. Diod. Sicul. lib. XI.

ACHERI (Luc d’), bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, naquit à Saint-Quentin, en Picardie, l’an 1609. Il s’est rendu célèbre par la publication de plusieurs livres qui n’étaient encore qu’en manuscrit dans l’obscurité des bibliothéques. Il commença en 1645 par l’édition de l’épître attribuée à saint Barnabé. Le père Hugues Ménard, religieux de la même congrégation, avait eu dessein de publier cette épître, et l’avait déjà éclaircie par diverses notes ; mais, la mort l’ayant empêché d’exécuter sa résolution, ce fut le P. Luc d’Acheri qui l’exécuta. On vit donc sortir de dessous la presse, par ses soins, l’épître de saint Barnabé, en grec et en latin, avec les notes du P. Ménard, en l’année 1645. Au bout de trois ans, dom Luc publia la vie et les Œuvres de Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, et la Chronique de l’Abbaye du Bec. En 1651, il publia la vie et les Ouvrages de Guibert, abbé de Nogent, avec quelques autres Traités. Ayant ensuite ramassé plusieurs pièces rares et curieuses, et espérant d’en recouvrer un grand nombre de semblables, il forma le dessein d’en publier la plus ample compilation qu’il pourrait, sous le titre modeste de Spicilège. Il fit voir le jour à son premier tome l’an 1655. Ce volume a été suivi de douze autres, dont le dernier fut imprimé en l’année 1677[a]. Ce recueil

  1. Voyez dans le Journal des Savans, du