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ACCIAIOLI.

n’est, 1°. que les Harangues qu’il a données au public sont des pièces qu’il avait récitées à Rome, à Cologne, à Mantoue et ailleurs ; 2°. qu’il a professé la rhétorique pendant quatre ans à Mantoue, dans l’académie que le duc Ferdinand y établit l’an 1627[a].

  1. Ex Aub. Miræo, Script. Eccl. Sæc. XVII, pag. 251.

ACCIAIOLI (Donat), homme illustre tant par son érudition que par les emplois qu’il eut à Florence sa patrie, a fleuri dans le quinzième siècle. Il aurait pu devenir beaucoup plus docte qu’il ne l’a été, si les affaires publiques lui avaient permis de donner plus de temps à ses études, et si la délicatesse de son tempérament ne l’eût empêché de jouir d’une longue vie[a]. Sa probité et son désintéressement n’ont pas besoin d’autres preuves que du peu de bien qu’il laissa à ses enfans. Ses filles furent mariées aux dépens du public[b], comme autrefois celles d’Aristide ; et cela marquait en même temps combien sa patrie était satisfaite des services qu’elle avait reçus de lui. On l’avait envoyé en France pour demander du secours contre le pape Sixte IV, qui harcelait extrêmement les Florentins ; mais il mourut avant que d’avoir passé les Alpes[c]. Ce fut à Milan, au mois d’août 1473[* 1] : il courait sa trente-neuvième année[d]. Son corps fut porté à Florence, et enterré dans l’église des Chartreux [e]. L’épitaphe que l’on voit sur son tombeau est de la façon de Politien. Les ouvrages qu’on a de lui se réduisent à la Traduction latine de quelques Vies de Plutarque (A), à la Vie de Charlemagne, et à des Commentaires sur la Morale et sur la Politique d’Aristote. Cette vie de Charlemagne ayant été quelquefois jointe avec celles de Plutarque, a donné lieu à une étrange bévue de George Wicélius. Il a débité cette vie comme un ouvrage de Plutarque[f], tant il était versé dans la doctrine des temps. Quelques-uns ont accusé Acciaioli de plagiat (B), par rapport au Commentaire sur la Morale d’Aristote ; d’autres ont outré les louanges qu’ils lui ont données pour ce livre (C). Il a eu beaucoup de part à l’estime du cardinal de Pavie, comme il paraît par les lettres qu’il en recevait, et que l’on trouve parmi celles de ce cardinal qui ont été publiées.

On trouvera ci-dessous un supplément considérable (D)[* 2].

  1. * Joly dit que c’est en 1478.
  2. * Joly a suppléé ou corrigé plusieurs choses dans un long et ennuyeux article, et il y revient encore dans ses additions et cor- rections. Chauſepié donne la liste de quelques ouvrages d’Acciaioli omis par Bayle.
  1. Jovius in Elogiis. cap. XVI.
  2. Volaterr., lib. XXI.
  3. Jovius in Elogiis. cap. XVI.
  4. Varillas, Anecd. de Florence, p. 169.
  5. Jovius in Elogiis. cap. XVI.
  6. In Hagiologiâ, fol. 178, apud Vossium de Hist. Lat., pag. 624.

(A) De quelques Vies de Plutarque. ] Il en aurait traduit quatre, si nous en croyions Vossius[1] et Konig [2] : celle d’Annibal, celle de Scipion, celle d’Alcibiade, et celle de Démétrius ; mais, comme il ne paraît pas que ni la vie de Scipion, ni la vie d’Annibal par Plutarque, soient dans la nature des choses, il est beaucoup plus probable qu’Acciaiolus a composé de son chef les vies de ces deux grands capitaines[3], qu’il n’est pro-

  1. Vossius de Hist. lat., pag. 624.
  2. Konigii Bibl. vet. et nov., pag. 4.
  3. Pocciantius, de Script. Flor., pag. 51,