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ABERDON.

amèrement de ce que M. de la Berchère, archevêque d’Aix, avait ordonné au directeur de son séminaire de suivre Abelly, et de ne plus enseigner la Théologie morale[1] de Grenoble. Il dit qu’on trouve dans la Medulla theologica de M. Abelly trois méchans principes, dont le 1er. renverse la plus certaine règle de la bonne conscience, reconnue par les païens mêmes, qui n’ont pas cru qu’il fût permis de faire une chose dont l’on doute si elle est juste ou injuste. Le 2e. réduit à rien le plus grand de tous les commandemens, qui est celui qui nous oblige d’aimer Dieu plus que toutes choses. Le 3e. est directement oppose au soin qu’a pris M. Le cardinal Grimaldi de faire observer les règles de saint Charles dans le sacrement de pénitence, en marquant un grand nombre de cas dans desquels les confesseurs doivent ou refuser ou différer l’absolution. On accuse donc M. Abelly d’enseigner, 1°. que l’on peut suivre une opinion moins probable et moins sûre en faisant ce qui est péché selon l’opinion contraire, qui nous paraît plus probable ; 2°. qu’il n’est point certain que le précepte d’aimer Dieu plus que toutes choses oblige jamais par lui-même, mais seulement par accident ; 3°. qu’on peut sans scrupule absoudre toujours ceux dont la vie est une continuelle vicissitude de confessions et de crimes. Voyez l’Avis aux révérends pères jésuites d’Aix en Provence, sur un imprimé qui a pour titre, « Ballet dansé à la réception de monseigneur l’archevêque Aix. » On publia cet avis l’an 1687, in-12.

Il est aisé de connaître qu’il s’agit du livre de M. Abelly dans cet endroit du Ménagiana. « Comme on parlait de la moelle d’A..., M. l’abbé le Camus, à présent cardinal, dit : la lune était en décours quand il fit cela[2]. » Nouvelle preuve du mépris des jansénistes pour cet ouvrage.

(C) Un secret qui plut à beaucoup de monde. ] Il a fait savoir au public que M. Vincent ne voulut plus avoir de liaison avec l’abbé de St.-Cyran, après lui avoir entendu dire que le concile de Trente n’était qu’une cabale, et une assemblée des scolastiques et du pape[3].

Un homme qui serait persuadé de cela ne pourrait pas être catholique romain.

  1. Composée par M. Genet, que le cardinal Grimaldi, prédécesseur de M. de la Berchère, avait fait venir dans son séminaire pour y enseigner lui-même sa Morale, et qui a depuis été fait évêque de Vaison.
  2. Ménagiana, pag. 65 de la 1re. édit. de Hollande.
  3. Abelly, Vie de Vincent de Paule, liv. II, chap. XII. Voyez les Préjugés légitimes contre le jansénisme, pag. 134.

ABERDON, ville épiscopale d’Écosse, sous l’archevêque de Saint-André, avec une académie. Les Écossais la nomment Aberdeen. On peut la considérer comme divisée en deux ; car il a Aberdon, à l’embouchure de la Doue, et Aberdon à l’embouchure de la Dée. La première se nomme la vieille Aberdon, Old-Aberdeen, et l’autre la nouvelle Aberdon, New-Aberdeen. Elles ne sont éloignées l’une de l’autre que de mille pas. Le siége de l’évêché et l’académie sont à la vieille Aberdon : l’autre est plus riche et plus marchande. L’académie fut créée l’an 1480 ; l’évêché y est depuis l’an 1100 : il y fut transféré de Murtlac, comme nous l’apprend Hector Boéthius, historien écossais[a]. Cette ville se nomme en latin indifféremment Aberdonia, Aberdonium et Aberdona. M. Moréri a voulu raffiner sur cet article (A), et n’y a pas trop réussi.

  1. Apud Baudrand, Lexici geograph. pag. 4.

(A) M. Moréri a voulu raffiner sur cet article. ] Il trouve mauvais que quelques-uns aient dit qu’Aberdonne ou Aberdoen, Aberdonia, Aberdona, ou Devana, est une ville. Il n’y a point de ville, poursuit-il, qui porte ces noms en toute l’Écosse ; mais il y a deux villes, dont l’une est nommée New-Aberdon, et l’autre Old-Aberdon : et si ce nom se rencontre, ce n’est qu’en quelques livres ou cartes peu exactes.