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ABELLY.

baye nommée Livri dans le diocèse de Laon[1]. L’abbaye de ce nom est au diocèse de Paris. Enfin je trouve dans l’acte par lequel l’université de Paris prêta serment de fidélité à Henri IV, le 22 d’avril 1594, j’y trouve, dis-je, entre ceux qui le signèrent, un François Abély, abbé d’Ivri, prédicateur et aumônier du roi[2]. C’est à ceux qui en auront les occasions sous la main à vérifier si l’on n’aurait pas ici assemblé sur une seule personne ce qui ne convenait qu’à plusieurs[3].

Mes doutes m’ont procuré un bon éclaircissement, que j’insère ici. « L’Aunoi, ou l’Aulnoi, est fort bien. C’est l’abbaye de Notre-Dame de Livri, en l’Aunoi, in Alneto[4], de l’ordre de saint Augustin, dans le doyenné de Chelles, diocèse de Paris. Il faut supposer que, pour parvenir à cette abbaye, Antoine Abelli passa de l’ordre de saint Dominique dans celui de saint Augustin, ce qui est une chose fort aisée, et qui se pratique tous les jours. À l’égard de François Abely, abbé d’Ivri, je crois qu’il y a faute, et que ce François, qui fut apparemment successeur d’Antoine, doit être qualifié abbé de Livri. » Cet éclaircissement m’a été communiqué par M. de la Monnaie. M. l’abbé Baudrand m’a fait savoir que cette abbaye de Livri est à trois lieues de Paris, en allant vers Meaux, dans un petit quartier qu’on appelle l’Aulnoy, où il y a dix ou douze villages, et dont on ne sait plus les confins. Ces deux éclaircissemens lèvent suffisamment mes difficultés.

  1. Voyez l’État de la France, imprimé en 1680, tom. II, pag. 311, 312.
  2. Voyez l’Hist. du collége de Navarre, par M. de Launoi, pag. 372.
  3. Cela n’arrive que trop aux bibliographes.
  4. Claud. Robertus, in Nomenclaturâ abbatiarum Galliæ.

ABELLY (Louis), évêque et comte de Rhodez, mort le 4 octobre 1691, âgé de 88 ans[a], était de Paris, et il y fut curé de Saint-Josse. Il a composé divers ouvrages, et entre autres un Traité de Théologie, intitulé Medulla theologica[b], qui a été cause que M. Despréaux lui adonné l’épithète de moelleux (A), et qui est fort éloigné des maximes des jansénistes (B). Il a fait aussi la Vie de Vincent de Paule, instituteur et premier supérieur général de Îa congrégation de la mission ; un livre sur les Principes de la morale chrétienne ; un autre sur les Hérésies ; un autre sur la Tradition de l’Église touchant le culte de la sainte Vierge, etc. Ce dernier ouvrage, imprimé pour la seconde fois à Paris, l’an 1675, fit un grand plaisir aux protestans, parce qu’il leur fournit de bonnes armes contre les convertisseurs, qui voulaient leur faire accroire que, s’il y avait quelque chose d’excessif dans cette espèce de dévotion, ce n’était que des pensées monacales ou des abus que les évêques corrigeaient journellement. Ce même livre servit à ceux de la religion contre celui de M. l’évêque de Condom[c]. En effet, M. Abelly se rendit le protecteur des pensées les plus outrées concernant la dévotion envers la vierge Marie. C’était ruiner les efforts de l’autre prélat, et les vues de ceux qui ont publié ou approuvé les Avis salutaires de la sainte Vierge à ses dévots indiscrets. M. Abelly était docteur en théologie de la faculté de Paris ; il fut fait évêque de Rhodez lorsque M. de Péréfixe, précepteur du roi, monta à l’archevêché de Paris, et il résigna son évêché à un autre lorsque son grand âge ne lui per-

  1. Mercure galant d’octobre 1691.
  2. La première édition est de Paris, en 1651. On y en fit une sixième en deux volumes in-12, l’an 1659.
  3. Intitulé Exposition de la Doctrine de l’Église catholique.