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VIE DE M. BAYLE.

que leurs sentimens soient opposés à l’autorité souveraine des rois, ils tendent à l’établir et à la confirmer ; au lieu que les catholiques romains rendent cette autorité dépendante du peuple ou du pape.

Sur la fin de l’année 1682, on sollicitait fortement M. Bayle à se marier. Le parti qu’on lui proposait était avantageux. « C’était une demoiselle jeune, jolie, de très-bon sens, douce, sage, maîtresse de ses volontés, et qui avait au moins quinze mille écus [1], » Mademoiselle Dumoulin, petite-fille du fameux Pierre Dumoulin, sœur de mademoiselle Jurieu, et ensuite femme de M. Basnage, avait entamé cette affaire, et l’avait mise en si bon train, qu’il ne restait plus de difficulté que du côté de M. Bayle. Il avait toujours paru fort éloigné du mariage : les soins et les embarras d’une famille ne lui semblaient pas convenir à un homme de lettres, à un philosophe, qui fait consister tout son bonheur dans l’étude et dans la méditation. D’ailleurs, content du nécessaire, les richesses lui paraissaient plutôt un embarras qu’un bien. Mademoiselle Dumoulin n’oublia rien pour le faire revenir de ces sentimens, et pour l’engager à profiter des avantages qui s’offraient comme d’eux-mêmes ; mais elle ne put y réussir.

1683.

L’année suivante, M. Bayle donna une nouvelle édition de sa Lettre sur les comètes plus ample et plus exacte que la première. Elle fut achevée d’imprimer le 2 de septembre 1683, et il en reçut cent vingt exemplaires du libraire pour envoyer à ses amis. Il supprima le titre de la première édition, et y substitua celui-ci : Pensées diverses, écrites à un docteur de Sorbonne, à l’occasion de la comète qui parut au mois de décembre 1680. À Rotterdam, chez Reinier Leers. M. DC. LXXXIII. Il retrancha aussi la longue préface de l’édition précédente, et y mit un petit avertissement, sous le nom du libraire, pour marquer en quoi cette seconde édition était préférable à la première.

Dans ce temps-là quelques amis de M. Bayle lui envoyèrent des écrits de controverse qu’ils avaient composés, et le prièrent de les faire imprimer, s’il le jugeait à propos. Le premier qu’il reçut était la Réfutation d’un mémoire dressé par l’assemblée du clergé de France en 1682, où l’on proposait et approuvait dix-sept méthodes, ou différentes manières de disputer contre les réformés. Cette réfutation était de M. Basnage, alors ministre à Rouen. Elle était accompagnée d’une lettre à M. Bayle, sous le nom d’un ami de l’auteur, et qui contenait plusieurs particularités curieuses sur cette assemblée du clergé [2]. Cet ouvrage parut sous ce titre : Examen des méthodes proposées par MM. de l’assemblée du clergé de Fran-

  1. Lettre de mademoiselle Dumoulin à M. Bayle, du 12 de décembre 1682, dans les Lettres de M. Bayle, p. 193.
  2. Elle a pour titre : Lettre sur la dernière assemblée du clergé. A M. B. A. R., c’est-à-dire, à M. Bayle, à Rotterdam.