Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T16.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
PIÈCES JUSTIFICATIVES.

était désormais la résolution de la compagnie, et lui a demandé ce qu’il avait à répondre là-dessus. Sur quoi ledit sieur Bayle a témoigné qu’il acquiesçait à cette résolution, et a en même temps délivré le mémoire écrit et signé de sa main, tel qu’il suit :

« Messieurs,

» Étant persuadé que la compagnie ne cherche en finissant cette affaire qu’à procurer de bonne foi l’édification du public et la gloire de Dieu, et voulant concourir avec elle de tout mon possible pour ce grand bien, j’accepte les conditions contenues dans l’acte qui me fut lu le 7 du courant ; et je déclare en particulier quant aux remarques qui m’ont été communiquées par la compagnie, que j’y acquiesce comme à une règle que je suivrai ponctuellement dans la correction de mon Dictionnaire pour une nouvelle édition.

» Je satisferai aussi, autant qu’il me sera possible, à l’exhortation de la compagnie touchant un écrit antérieur à la nouvelle édition, et j’espère que cela ne tardera pas beaucoup.

» J’espère, et je le demande très-humblement à la compagnie, qu’elle ne permettra point que ses remarques, et autres papiers touchant cette affaire tombent entre les mains de gens qui en pussent abuser pour publier des écrits qui ne feraient que troubler l’édification des âmes et par eux-mêmes, et par les réponses qu’on serait peut-être contraint d’y faire. À Rotterdam, le 9 de janvier 1698. »

Et était signé,
Bayle.

Ensuite, M. Bayle s’étant retiré, la compagnie, délibérant sur sa réponse, a résolu de s’en contenter, parce qu’il accordait tout ce qu’on lui demandait, qu’il acquiesçait aux remarques de la compagnie sur son Dictionnaire, et promettait de publier au plus tôt un écrit qui ferait savoir au public ses bonnes dispositions. Elle a estimé qu’en terminant ainsi cette affaire, l’Église en serait plus édifiée que par de longues contestations ; outre que ce serait le moyen le plus efficace pour engager M. Bayle à faire servir ses talens à l’avancement du règne de Notre-Seigneur. Ayant donc été rappelé dans la compagnie, le président lui a déclaré 1o. que la compagnie était contente de sa réponse ; 2o. qu’elle l’assurait que les écrits communiqués de part et d’autre ne seraient donnés à personne pour être publiés, que ce n’était pas l’usage de la compagnie, et qu’elle savait bien que quand des affaires étaient terminées, on ne devait pas donner lieu à les recommencer par des imprimés ; 3o. qu’elle ne doutait pas aussi qu’il ne satisfît de son côté à la promesse qu’il faisait de publier dans peu un écrit par lequel il informerait le public des bons sentimens qu’il nous avait témoignés, et que le plus tôt que cet écrit paraîtrait serait le mieux. Ce que ledit sieur Bayle a encore promis. Après quoi le président lui a représenté