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VIE DE M. BAYLE.

la providence dans la situation présente de l’Europe, et particulièrement de l’Angleterre [a]. Il exhortait les réformés de France à être fermes et inébranlables, et leur promettait une prompte délivrance. Il discontinua ses Pastorales au mois de juillet 1689, et dès le mois suivant il donna un nouvel ouvrage qui paraissait tous les mois sous ce titre : Les Soupirs de la France esclave qui aspire après la liberté. Le but de cet ouvrage était de faire voir que les anciennes libertés de la France étaient perdues, et qu’il était absolument nécessaire d’en réformer le gouvernement, et de le rendre aristocratique.

(N p. 114.) On attaqua violemment la révolution d’Angleterre et le roi Guillaume dans plusieurs libelles publiés en France. ] M. de Visé, outre ce qu’il publiait dans son Mercure galant, donnait tous les mois un volume sur les affaires du temps. M. le Noble publia aussi plusieurs libelles. Le père de Sainte-Marthe mit au jour un livre intitulé : Entretiens touchant l’entreprise du prince d’Orange sur l’Angleterre, où l’on prouve que cette action fait porter aux protestans le caractère de l’anti-christianisme que M. Jurieu a reproché a l’église romaine. Paris, 1689. Mais ce livre n’a pas été estimé [b]. Il n’y eut pas jusqu’au célèbre M. Arnauld qui ne se mît sur les rangs par un libelle dont le titre était, Le vrai portrait de Guillaume-Henri de Nassau, nouvel Absalon, nouvel Hérode, nouveau Cromwel, nouveau Néron. « M. Arnauld, dit M. l’abbé Goujet, fit cet écrit en 1689, lorsque ce prince (le prince d’Orange) eut envahi la couronne d’Angleterre. Il l’envoya manuscrit à M. de la Reynie, alors lieutenant-général de police, qui en parla au roi, et le roi ordonna qu’on l’imprimât. On en envoya ensuite des exemplaires dans toutes les cours de l’Europe. M. Arnauld fit, vers le même temps, un second écrit contre le prince d’Orange, mais celui-ci ne fut point imprimé [c]. » M. Jurieu réfuta ce libelle dans un ouvrage imprimé à la Haye en 1689, in-4o. et in-12, sous le titre d’Apologie pour leurs sérénissimes majestés Britanniques, contre un infâme libelle intitulé Le vrai portrait de Guillaume-Henri de Nassau, etc.

(O p. 120.) On a fait quelques autres réponses à cet ouvrage. ] M. Nizet, avocat et professeur en droit à Mastricht, publia en 1690 une Réponse sommaire à l’Avis aux réfugiés [d]. M. Abbadie s’attacha à ce qui regardait la révolution d’Angleterre, et fit imprimer à Londres en 1691 la Défense de la nation britannique, où les droits de Dieu, de la nature et de la société sont clairement établis, au sujet de la révolution d’Angleterre, contre l’auteur de l’Avis aux réfugiés. M. de Larrey y a fait une réponse générale et fort étendue sous ce titre : Réponse à l’Avis aux réfugiés, par M. D. L. R. À Rotterdam, chez Reinier Leers, M. DCCIX. C’est un ouvrage de commande. Le sieur Leers, voulant donner une nouvelle édition de l’Avis aux réfugiés, engagea M. de Larrey à faire cette réponse pour l’y joindre. Il réimprima l’Avis sur l’édition de Paris ; et avec la date de cette édition, et le nom de l’imprimeur. Mais il y remit la préface qu’on avait retranchée à Paris. L’Avis et la Réponse de M. de Larrey font deux volumes in-8o.

(P p. 143.) Les profanations qui se trouvaient dans les livres de M. Jurieu. ] M. Jurieu s’étant plaint, en 1690, que M. de Bauval le cherchait dans son journal partout où il n’était pas ; M. de Bauval répondit que cette plainte était injuste. « Je ne l’ai fait, dit-il [e], qu’une seule fois en parlant de la tolérance ; et je l’ai ménagé en mille occasions. Il y aurait long-temps qu’il m’aurait foudroyé

  1. Voyez les Pastorales du 15 février, p. 93, du 1 de mars, p. 102, et du 15 de mars, p. 107, de l’année 1689.
  2. Bibliothéque historique et critique des auteurs de la congrégation de Saint-Maur, par D. Philippe le Cerf, p. 461.
  3. Supplément au Dictionnaire de Moréri, à l’article Arnauld (Antoine). Paris, 1735, pag. 65.
  4. Réponse sommaire au livre intitulé, Avis important aux réfugiés, sur leur prochain retour en France ; par M. G. N. A., à M. Mastricht, 1690, p. 75, sans l’avis au lecteur, et la préface écrite par M. de Saint-Maurice, professeur en théologie à Mastricht. Il avait été professeur à Sedan.
  5. Réponse à l’Avis de M. Jurieu, pag. 26, 27.