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VIE DE M. BAYLE.

combattent la prédestination, mais avec cet égard particulier que l’origine du mal, les décrets de Dieu sur cela et le reste, sont un des plus inconcevables mystères du christianisme ;

» IV. Qu’il doit suffire à tout bon chrétien que sa foi soit appuyée sur le témoignage de la parole de Dieu ;

» V. Que le système manichéen considéré en lui-même est absurde, insoutenable, et contraire aux idées de l’ordre ; qu’il est sujet aux rétorsions, et qu’il ne saurait lever les difficultés ;

» VI. Qu’en tout cas, ajoute-t-il, on ne saurait se scandaliser de mes aveux, que l’on ne soit obligé de regarder comme scandaleuse la doctrine des théologiens les plus orthodoxes ; puisque tout ce que j’ai dit est une suite naturelle et inévitable de leurs sentimens, et que je n’ai fait que rapporter d’une manière plus prolixe ce qu’ils enseignent une façon moins étendue. »

Dans le troisième éclaircissement il fait voir que les objections d’un abbé pyrrhonien contre quelques dogmes du christianisme, rapportées dans son Dictionnaire, ne font rien contre la religion. Il pose d’abord comme une maxime certaine et incontestable, que le christianisme est d’un ordre surnaturel, et que son analyse est l’autorité suprême de Dieu nous proposant des mystères, non pas afin que nous les comprenions, mais afin que nous les croyions avec toute l’humilité qui est due à l’Être infini, qui ne peut ni tromper ni être trompé. De là, ajoute-t-il, résulte nécessairement l’incompétence du tribunal de la philosophie pour le jugement des controverses des chrétiens, vu qu’elles ne doivent être portées qu’en tribunal de la révélation. Il fait le caractère des pyrrhoniens, et montre que, de tous les philosophes qui ne doivent point être reçus à disputer sur les mystères du christianisme avant que d’avoir admis pour règle la révélation, il n’y en a point d’aussi indignes d’être écoutés que les sectateurs du pyrrhonisme. Dans le quatrième éclaircissement il examine les plaintes qu’on avait faites, qu’il y avait des obscénités dans son Dictionnaire. Il exprime cette accusation en ces termes : « Que l’auteur rapporte des faits historiques qui lui sont fournis par d’autres auteurs qu’il a soin de bien citer, lesquels faits sont sales et malhonnêtes ; qu’ajoutant un commentaire à ses narrations historiques pour les illustrer par des témoignages et par des réflexions, et par des preuves, etc., il allègue quelquefois les paroles de quelques écrivains qui ont parlé librement, les uns comme médecins ou jurisconsultes, les autres comme cavaliers ou poëtes ; mais qu’il ne dit jamais rien qui contienne ni explicitement ni même implicitement l’approbation de l’impureté ; qu’au contraire il prend à tâche en plusieurs rencontres de l’exposer à l’horreur, et de réfuter la morale relâchée. » Il prouve ensuite par des raisons, par des autorités et par des exemples, que ces