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VIE DE M. BAYLE.

ce qu’il a dit dans ce Supplément.

Le sieur Leers imprimait alors le Dictionnaire de M. Furetière : mais l’auteur étant mort pendant que cet ouvrage était sous la presse, ce libraire pria M. Bayle d’y faire une Préface. C’est un excellent morceau.

1689.

Au commencement de l’année 1689, il parut une brochure intitulée, Réponse d’un nouveau converti à la lettre d’un réfugié ; pour servir d’addition au livre de dom Denys de Sainte-Marthe, intitulé : Réponse aux plaintes des protestans. Suivant l’imprimé à Paris chez Étienne Noël, à la place de Sorbonne. M. DC. LXXXIX [1]. Le père de Sainte-Marthe, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, avait publié à Paris en 1688 un livre intitulé : Réponse aux plaintes des protestans touchant la prétendue persécution de France, où l’on expose le sentiment de Calvin, et de tous les plus célèbres ministres, sur les peines dues aux hérétiques. Il prétendait que les réformés se plaignaient injustement des rigueurs exercées contre eux, puisqu’on aurait dû les traiter beaucoup plus rigoureusement, si on avait suivi les lois des premiers empereurs chrétiens, et les maximes des réformateurs qui enseignent qu’on doit faire mourir les hérétiques. Il leur reprochait aussi d’avoir pris les armes pour la défense de leur religion, et il accusait les protestans en général d’être portés à l’indépendance, et ennemis du pouvoir monarchique. La Réponse d’un nouveau converti, qui sert d’addition à cet ouvrage, est datée de Paris le 20 de décembre ; et la Lettre d’un réfugié est datée d’Amsterdam le 6 du même mois. Le réfugié, qui s’était retiré en Hollande après une longue prison, rappelle au nouveau converti les disputes qu’ils avaient eues, particulièrement sur le brûlement de Servet, et sur la prise d’armes des réformés. Il dit que son ami le renvoyait toujours au livre du père de Sainte-Marthe ; et il ajoute qu’au lieu de s’engager dans la discussion de tous ces faits, « il aima mieux employer son temps à l’oraison et à la méditation des excellentes promesses que Dieu faisait aux réformés dans l’Apocalypse ; » mais que depuis son arrivée en Hollande il avait eu occasion de consulter les plus habiles du parti qui lui avaient donné ces quatre réponses au sujet de Servet : « 1o. qu’au pis aller, ce n’est tout au plus qu’une faute personnelle, le parti n’ayant point trempé à ce procès ; 2o. que s’il y a eu quelques docteurs qui aient écrit autrefois pour la justification de ces sortes de procédures, ils n’ont pas fait des disciples, et qu’il y a long-temps qu’on est guéri parmi les réformés de ces sentimens violens ; 3o. que la doctrine que quelques-uns peuvent avoir eue sur cette matière regardait un si petit nombre d’hérétiques, qu’elle ne doit pas servir de sujet de

  1. C’est un grand in-12 de 60 pages, menu caractère.