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VIE DE M. BAYLE.

trant le droit égal des hérétiques pour persécuter à celui des orthodoxes. On parle aussi de la nature et origine des erreurs. A Hambourg, pour Thomas Litwel, 1688. Dans une longue préface, l’auteur dit qu’il y avait un livre intitulé Le vrai système de l’Église, etc. [1], où l’on combattait son sentiment sur la tolérance et les droits de la conscience, et que le livre Des droits des deux souverains n’était, pas le coup d’essai d’un jeune auteur, mais l’ouvrage d’un homme qui s’était fait souvent imprimer ; il avait résolu de leur répondre, et de diviser son livre en trois parties : la 1re. pour quelques supplémens qui lui paraissaient fort propres à réduire tout-à-fait au silence les contraignans ; la 2e. pour répondre à trois chapitres du Vrai système de l’Église où l’on soutenait un sentiment différent du sien, et à toutes les objections de l’auteur Des droits des deux souverains, et tout ce qu’il avait dit directement pour son opinion. Il ajoute qu’il avait pressé avec tant d’ardeur l’exécution de ce projet, qu’il en était venu à bout avant la fin de décembre 1687, et qu’on avait envoyé le manuscrit à l’imprimeur ; mais que s’étant ensuite aperçu que cet ouvrage serait trop gros, il avait cru devoir supprimer les deux dernières parties ; qu’ainsi il avait fait savoir au libraire d’arrêter l’impression, et qu’il s’était rencontré heureusement qu’on n’en était pas encore venu jusqu’à ce qu’il avait dit sur l’état d’Angleterre, sur les lois pénales, la suppression du test, etc., choses qui n’étaient pas de saison, vu le train où les affaires semblaient tendre. » Il allègue plusieurs raisons de cette prolixité, et entre autres celle-ci : « Elle est venue en partie, dit-il, de ce que ceux qui ont traduit mon anglais n’ont pu, disent-ils, ôter à l’ouvrage l’air du pays natal sans se servir d’un style diffus, outre qu’ils se sont divertis à y mêler bien des choses, tantôt dépendantes d’un système, tantôt d’un autre ; d’imiter ici la manière de penser de certains auteurs, et non pas leur style ; là le style de quelques autres, et non leur manière de penser ; et de faire ainsi plusieurs disparates, qui font, disent-ils, que les lecteurs ont donné mon Commentaire à bien des gens différens, sans s’approcher ni d’eux ni de moi dont le nom n’était couvert que sous un anagramme tant soit peu licencieux, et ils se font un divertissement de se déguiser si bien, et de donner le change aux chercheurs des pères d’un livre anonyme ou pseudonyme. » Le reste de la préface est employé à faire voir par un passage du Vrai système de l’Église que son sentiment est le même que celui de cet auteur, et par conséquent qu’il est orthodoxe ; qu’ainsi c’est à cet auteur à se répondre à lui-même, et à répondre à l’auteur Des droits des deux souverains. C’est ainsi que M. Bayle mettait M. Jurieu, auteur de ces deux livres, en contradiction avec lui-même. Il ajoute ensuite quelques réflexions qui tendent à confirmer

  1. Cet ouvrage parut en 1686.