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PRÉFACE DE L’ÉDITION DE PARIS.

PRÉFACE
De l’édition de Paris.

Ce n’est point une critique du Dictionnaire de Moréri que je donne au public ; je n’ai pas assez de témérité pour tenter une pareille entreprise. M. Bayle, après de grands efforts, ne l’a pas entièrement consommée [1] : M. Leclerc, qui est venu après lui, et qui a profité de ses lumières, n’a fait que nous donner de nouvelles fautes, ajoutées aux anciennes, qu’il ne s’est pas donné la peine de corriger : en effet l’édition qu’il donna en 1699 n’est exacte, à proprement parler, que dans les articles qui ont quelque conformité avec ceux que l’on trouve dans le Dictionnaire critique de Rotterdam [2]. Les deux éditions qui ont paru coup sur coup à Paris ne sont pas à beaucoup près si défectueuses que les premières, et ceux qui en ont pris soin, les ont purgées de plusieurs fautes que l’on trouve encore dans l’édition de 1699. La dernière surtout paraît avoir été portée au degré de perfection où un ouvrage de cette nature peut atteindre : la chronologie a été réformée ; de variable qu’elle était en plusieurs endroits, elle a été fixée à un ordre certain. Les articles ont été mis dans une forme plus commode pour le lecteur et purgés de bien des faits apocryphes, qui ne servent qu’à étouffer la vé-

  1. Notre auteur prétend que M. Bayle a entrepris dans son Dictionnaire de relever toutes les fautes de celui de Moréri ; mais qu’après de grands efforts, il n’a pas entièrement consommé cette entreprise. M. Bayle n’a jamais eu ce dessin. Il ne critique Moréri que lorsqu’il donne un article qui se trouve aussi dans le Dictionnaire de cet auteur. J’ai mis à part dans une remarque, dit-il dans sa préface, les erreurs que j’ai imputées à M. Moréri. Je n’ai point touché à celles qui se rencontrent dans les articles qu’il donne et que je ne donne pas, quoiqu’elles ne soient pas moins considérables que dans ceux que j’ai donnés. Et plus bas : En faveur de la jeunesse, dit-il, qui a besoin qu’on lui forme un peu le goût, et qu’on lui donne des idées de l’exactitude la plus scrupuleuse, j’ai relevé jusqu’aux plus petites fautes de M. Moréri, dans les matières que nous traitons lui et moi ; car pour ce qui est des fautes qui sont ailleurs, je les ai laissées en repos, comme je l’ai déjà dit. Voilà une preuve bien sensible de l’inexactitude de notre critique. Ses remarques sont presque toutes tirées du Dictionnaire de M. Bayle, comme on le fera voir dans la suite ; et cependant il n’a fait aucune attention à ce que M. Bayle a marqué si expressément dans la préface. Nouv. Observ.
  2. On ne rend point ici justice à M. Leclerc, qui a corrigé un nombre infini de fautes dans les éditions de Hollande du Dictionnaire de Moréri, et qui y a fait des additions très-considérables. Notre auteur n’a point vu ces éditions : il n’en parle qu’après le réviseur de Paris, qui, pour faire mieux valoir son travail, avait méprisé celui de M. Leclerc, dans le temps même qu’il en profitait. M. Leclerc fit voir l’injustice de son procédé, dans un Mémoire inséré dans les Nouvelles de la République des Lettres, février 1700, art. VII, pag. 207 et suiv. Il remarqua même que le réviseur de Paris avait laissé passer des fautes, qui étaient corrigées dans les dernières éditions de Hollande : par exemple à l’article Cab, il y avait Cumbertund au lieu de Cumberland. Cette faute se trouve encore dans l’édition de 1725. Nouv. Observ.