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PRÉFACE

édition jusqu’à la [a] première révision de M. Vaultier, 1699, inclusivement pour le moins ; j’ajouterai qu’une partie des autres fautes a été corrigée dans les éditions de Hollande ; mais qu’on y a laissé celles-ci : Les habitans de Malines sont francs de tous impôts à cause des bons services qu’ils rendirent à Charles le Hardi, comte de Flandre, au siége de Nans, sur le Rhin. Il fallait dire Nuis, et non pas Nans, et Charles le Hardi, duc de Bourgogne, et non pas comte de Flandre, car, quoiqu’il fût comte de Flandre, il n’était jamais caractérisé par ce titre-là. La première de ces deux fautes : a été corrigée dans l’édition de Paris, 1699, mais non pas la seconde [1]. On n’y a point corrigé non plus le nom de la rivière qui passe à Malines : elle s’appelle la Dile, et non pas la Dèle [2]. On n’a point observé que la seigneurie de Malines est l’une des dix-sept provinces du Pays-Bas, et que le grand conseil royal, institué l’an 1473, ne fut point fixé alors à Malines. Il fut ambulatoire (je veux dire qu’il suivait la cour du prince) jusques à ce que Philippe d’Autriche, passant en Espagne, l’an 1503, le rendit sédentaire à Malines [3].

Plus on descendrait dans les détails, plus convaincrait-on tous les lecteurs qu’une correction parfaite du Moréri ne saurait être l’ouvrage d’une seule personne. M. Vaultier seul pourrait fort bien être le directeur général, et le dernier réviseur de tout ; mais il lui faudrait des coadjuteurs, je veux dire des gens qui travaillassent sous lui selon les rôles qu’il leur partagerait. Il lui faudrait nommément un de ces critiques chagrins, bourrus, si l’on veut, et fantasques, à qui la moindre ombre d’irrégularité fait naître de grands soupçons qu’un auteur se trompe. Un tel critique n’aurait pas eu la patience de lire deux fois les premières lignes de l’article Madruce dans le Moréri, sans les avoir pour suspectes de servir de tanière à quelque bête sauvage. Il en eût été choqué du premier coup d’œil. Voici ces lignes.

Madruce ou Liber (Christofle), dit le cardinal de Trente, était fils de Jean Gaudence Liber, baron de Madruce. Il n’est pas impossible qu’une même famille s’appelle Madruce et Liber, et qu’ainsi les uns la nomment Madruce, et les autres Liber, et par conséquent qu’un auteur de

  1. Je parle ainsi parce que je n’ai point vu celle de 1704.
  1. Cette seconde faute se trouvait encore dans les éditions de 1707 et 1712. Dans celle de 1725, on a mis que les habitans de Malines sont francs de tous impôts, à cause des bons services qu’ils rendirent à Charles le Hardi, duc de Bourgogne et comte de Flandre, au siége de Nuis sur le Rhin. Nouv. Observ.
  2. L’édition de 1707 avait encore la Dèle ; celle de 1712 dit la Deule ; et dans celle de 1725 on a mis la Dile. Nouv. Observ.
  3. Dans l’édition de 1725, on remarque que le grand conseil royal, institué ambulatoire par Charles, duc de Bourgogne, l’an 1473, fut fixé à Malines en 1503. On n’a point observé que la seigneurie de Malines est l’une des dix-sept provinces du Pays-Bas ; on dit seulement qu’elle est enclavée dans l’unes des dix-sept provinces, dans le Brabant. Cependant au mot Pays-Bas, on la compte parmi les dix-sept provinces. Nouv. Observ.