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DISSERTATION

dédicatoire à M. du Lys, avocat général en la cour des aides de Paris, est du même Jean Bergier, et témoigne que ce magistrat avait été le patron de l’auteur. M. l’abbé de Marolles parle d’un autre Mécène, dans son catalogue alphabétique des auteurs qui lui avaient fait présent de leurs ouvrages. Claude du Buisson, dit-il, me témoigna l’estime particulière qu’il faisait, comme moi, de Nicolas Berger [1] de Reims, qui a fait le livre grands Chemins de l’Empire, et qui eût été plus loin si la mort ne l’eût prévenu à Grignon, chez monsieur le président de Bellièvre qui l’honorait de son amitié. Je m’étonne que dans l’édition de 1629 on n’ait nullement parlé d’aucune édition précédente ; car il y a dans le Catalogue de la Bibliothéque de M. de Thou [2], l’Archéméron ou Traité du Commencement des Jours, par Nicolas Berger, in-8°., Paris, 1617. On trouve aussi l’Histoire des grands Chemins de l’Empire Romain, par le même Nicolas Berger, in-4°. Paris, 1622[3]. C’est un fort savant ouvrage, que le père Bacchini, bénédictin de la congrégation du Mont-Cassin, l’un des auteurs du Journal de Parme, a mis en latin[4] et orné de notes. Celui qui l’a composé méritait une citation plus honnête que ne l’est de dire, comme a fait la Mothe-le-Vayer [5], un nommé Bergier, qui a fait après son traité des grands Chemins un autre petit discours du Point du Jour, s’est avisé, etc. Il paraît, par le Catalogue de M. de Thou, que cet autre petit livre avait précédé et non suivi l’Histoire des grands Chemins, M. Henninius[6] a fait une traduction de cette Histoire des grands Chemins, et l’a publiée avec de doctes remarques, dans le Xe. volume du Thesaurus Antiquitatum Romanarum. M. Oudinet[7], et M. l’abbé du Bos, lui ont envoyé quelques notes, dont la plupart ont été tirées de l’exemplaire où l’auteur avait écrit plusieurs choses, Il y a un bel éloge de notre Bergier dans les poésies latines du père Commire.

(C) Ce serait plutôt une objection à lui faire. ] Ceux qui censurent un projet, et qui se voient engagés à la réplique, par la réponse de l’adversaire, ramassent avec tant de soin tout ce qui n’est pas favorable à la cause qu’ils attaquent, qu’on peut s’étonner, avec quelque sorte de raison, de ce que le sieur Michalor n’a ps objecté à Érycius Putéanus, que le cercle qu’il proposait donnerait lieu à mille abus. En effet, dans toute l’étendue d’un hémisphère il serait le plus facile du monde d’éluder les lois de l’église touchant les jours d’abstinence. On en serait quitte pour un dîner maigre par semaine, si l’on voulait recourir à la chicane du medianoche des Espagnols. En partant de chez soi le vendredi à minuit, on se trouverait un moment après dans un pays où il serait dimanche, et où, sans violer les canons de sainte mère église, on se pourrait faire donner de bons chapons pour son souper. On sauterait ainsi toutes les vigiles en allant faire un voyage de quatre pas, sous un autre méridien où il serait jour de fête ; et si on voulait ne chômer aucune fête, non pas même le dimanche (je parle des fêtes qui ne viennent pas deux de suite) on n’aurait qu’à passer d’un méridien à l’autre, ce qui ne coûterait que peu de temps ; car encore qu’un degré céleste réponde sur la terre à un espace de plusieurs lieues, il est pourtant certain que chaque degré est contigu à un autre ; sorte que celui où le jour commencerait, toucherait de toute nécessité un autre degré où ce même jour ne commencerait qu’au bout de vingt-quatre heures. Pour empêcher donc que l’on ne passât en peu de temps du lieu où il ne serait pas permis de manger de la viande dans au lieu où cela serait permis, il faudrait ordonner que la partie orien-

  1. Il a fait la même faute que les auteurs du Catalogue de la Bibliothèque de M. de Thou, qui mettent trois fois Berger pour Bergier. La Mothe-le-Vayer, dans l’Hexaméron rustique, pag. 25, où il le censure de deux fautes, l’appelle Berger.
  2. Pag. 67 de la IIe. partie.
  3. Pag. 288 de la Ire. partie.
  4. Je ne crois pas que cette version soit imprimée ; mais je suis la traduction italienne faite par le père Bacchini a vu le jour. Elle est sans notes.
  5. Géograph. du Prince, chap. VIII, au VIe. tome de l’édition in-12.
  6. Professeur à Duitsbourg.
  7. Garde du cabinet des médailles du roi de France.