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TABOR. TABOUÉ.

de retrouver le repos de son cabinet, il fut obligé d’aller à la cour de Saxe et à celle de l’empereur, pour les affaires de ce duc. Il se retira à Giesse en 1659, et y fut chancelier de l’université, et conseiller du landgrave de Hesse-Darmstad [a]. Diverses raisons l’obligèrent à déménager encore ; ce qu’il fit en 1667, pour se retirer à Francfort, où son fils était avocat. Il ne fut point là non plus qu’ailleurs exempt de chagrins. Il mourut le 12 de décembre 1674. Il avait publié en divers temps plusieurs livres sur des matières de droit, qui avaient eu beaucoup de débit : c’est ce qui faisait que les exemplaires en étaient devenus fort rares ; et de là vint qu’un professeur de Leipsic, nommé Mylius en fit un recueil le plus exact qu’il lui fut possible, qu’il publia en deux volumes in-folio [b], l’an 1688. M. Praschius, ancien bourgmestre de Ratisbonne et gendre de Tabor, mit sous la presse en 1675 un petit écrit contenant le narré de la vie de son beau-père [c](A).

  1. On lui donne ces qualités au titre de la nouvelle édition de ses Œuvres.
  2. Lipsiæ, apud Joh. Frider. Gleditschium.
  3. Il est intitulé, Mausoleum Joh, Ottonis Taboris J. G.

(A) M. Praschius… mit sous la presse... le narré de la vie de son beau-père. ] À certains égards le détail n’y pèche point par défaut ; mais sur les choses dont le public aurait pu avoir le plus de curiosité, on en demeure à des notions fort générales, et l’on se contente de nous dire, Si tantas virtutes aliquo vitiorum confinio læsit, si in vitâ nonnunquàm vel doctrinâ offendit, aut justam causam paulò aerius defendit, exemplo docuit illustri nihil in humanis rebus perfectum, aut superbiæ concessum esse, quo maneat Soli Deo gloria. C’est la conclusion de l’écrit de M. Praschius, dont j’ai tiré cet article.

TABOUÉ ou TABOUET (Julien), en latin Taboetius [* 1], mériterait un rang honorable parmi les savans du XVIe. siècle, s’il n’avait terni par ses mauvaises actions tout le mérite de son éloquence, de sa doctrine et de son esprit. Il était de Chantenai à quatre lieues du Mans [a](A) ........

  1. * Joly dit que son vrai nom était Tabouet, et après avoir rapporté les paroles de Leclerc, qui reproche à Bayle d’avoir condamné Tabouet sans examiner son affaire à fond, et qui s’appuie sur le témoignage d’un très-savant magistrat, Joly donne le Mémoire (du président Bouhier) concernant le fameux procès criminel intenté à la requête de Julien Tabouet, procureur général au parlement de Chamberi, contre Raymond Pellisson, premier président, et quelques autres officiers du même parlement. Ce Mémoire, qui remplit plus de 15 pages in-folio, contient la liste des ouvrages de Tabouet.
  1. La Croix du Maine, pag. 278.

(A) ..... ] Notez qu’on ne trouve pas cette affaire de Taboué dans toutes les éditions des arrêts de Jean Papon. Je ne l’ai point trouvée dans l’édition latine faite à Genève sumptibus Samuëlis Crispini, l’an 1624, in-folio, et néanmoins au livre XXIV, titre Ier. page 34, vous rencontrez ces paroles : Hanc ad rem notatu dignum est arrestum Tabouet, suprà tit. de author. rer. judie., etc : ce qui montre que ceux qui ôtèrent de sa place l’arrêt rendu contre Taboué oublièrent d’effacer l’endroit du livre XXIV, où l’on était renvoyé à cet arrêt-là. De pareils oublis n’arrivent que trop souvent à ceux qui corrigent un ouvrage. Ils ôtent certaines choses en un lieu, et laissent ailleurs la citation de ces mêmes choses... Voyez, touchant Taboué, l’Histoire des Évêques du Mans, par Antoine le Courvaisier, page 854, et censurez ses omissions ; celle de M. de Thou, livre XVII, pag. 357 (c’est page 952 de la version de du Rier) ; Papon surtout ; et Ménage, l’Histoire de Sablé.