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PYTHAGORAS.

tre-vingt dix-neuf [1], ou avec les cent quatre années [2] que d’autres lui donnent. Voyez sur tout ceci les savans recueils de M. Ménage [3]. Il n’oublie pas de citer Arnobe, qui assure que Pythagoras fut brûlé vif dans un temple. Pythagoras Samius suspicione dominationis injustà vivus concrematus in fano est : numquid ea, quæ docuit vim propriam perdiderunt, quia non spiritum sponte, sed crudelitate appetitus effudit [4] ? Justin insinue qu’il mourut sans violence à Métapont, où il s’était retiré après avoir demeuré vingt ans à Crotone ; qu’il y mourut, dis-je, si admiré, que sa maison fut convertie en un temple, et qu’on l’honora comme un Dieu. Cùm anuos viginti Crotonæ egisset, Metapontum migravit, ibi que decessit, cujus tanta admiratio fuit, ut ex domo ejus templum facerent, eumque pro Deo colerent [5]. Valère Maxime ne va pas si loin ; mais il se déclare hautement contre ceux qui disent qu’on le maltraita. Cujus ardentem rogum plenis venerationis oculis Metapontus aspexit : oppidum Pythagoræ quam suorum cinerum nobilius clariusve monumento [6].

Saint Épiphane s’est abusé grossièrement lorsqu’il a dit que Pythagoras mourut au pays des Mèdes [7].

  1. Tzetzès, Chil. XI, vs.366.
  2. Anonyme, apud Photium, pag. 2313.
  3. Menagius, in Diogen. Laërt, pag. 391 et seq.
  4. Arnobius, lib. I, pag. 23.
  5. Justinus, lib. XX, cap. IV, pag. 396.
  6. Valerius Maximus, lib. VIII, cap. VII, num. 2, in Extern.
  7. Epiphanius, Hær. XV, pag. 24.

(Q) Quelques auteurs qui ont traité de ses dogmes.] Je me borne aux modernes. Guillaume Cantérus a mis en latin les fragmens de Pythagoras que Stobée a recueillis. Érasme [1], Philippe Béroaldus, le Gyraldi, Claude Minos, François Berni, Nicolas Scutelli, et quelques autres, ont fait des notes sur les Symboles de ce philosophe. Consultez aussi Lipse [2] ; les Commentaires de Rittershusius sur Malchius ; la Dissertation d’Holténius, de Vitâ et Scriptis Pythagoræ ; le Pythagoras de Rodéric de Castre ; Paganinus Gaudentius, de Pythagoreâ animarum Transmigratione ; le Dialogue d’Ambroise Rhodius, de Transmigratione : la dissertation de Claude Lignier, de Sectâ Pythagoricâ, la Thèse de Marc Mappus, de Ethicâ Pythagoræ, soutenue à Strasbourg sous le professeur Schallérus ; la dissertation de Schiltérus, de Disciplinâ Pythagoricâ ; le livre de Jean Scheffer cité ci-dessus ; le livre intitulé : Ethica Pythagorica [3], composé par Magnus Daniel Oméis, professeur à Altdorf. On peut voir aussi notre le Mothe-le-Vayer, dans l’ouvrage de la Vertu des Paiens. On croit que les Vers dorés de Pythagoras sont l’ouvrage de son disciple Lysis. Un ancien philosophe d’Alexandrie, nommé Hiéroclès les commenta : nous avons son Commentaire commenté par le fils de Casaubon. Nous avons aussi les Commentaires qu’ont faits sur les mêmes vers Vitus Amerbachius, Théodore Marcilius, Henri Brem, Michel Néander, Jena Strasélius, Guillaume Diézius, et Magnus Daniel Orméis. J’avais oublié l’ouvrage de Joachim Zehnérus [4].

(R) Un conte que je viens de lire dans un nouvelliste.] « Un auteur moderne a avancé que feu le maréchal de Schomberg, commandant les troupes françaises en Portugal lorsque ce royaume secoua le joug des Espagnols, écrivait ce qui se passait dans ce pays-là sur un verre, et que l’exposant à la lune le cardinal Mazarin, qui était à Paris, à la faveur d’un télescope, lisait dans cet astre tout ce que le maréchal vouleüt lui faire savoir. Si ce secret était aussi véritable que fabuleux, etc. [5] » Puisque le nouvelliste juge sainement de ce prétendu secret, il ne me reste qu’à marquer les anachronismes de ce qu’il rapporte. M. de Schomberg n’arriva en Portugal qu’au mois de novembre

  1. Au commencement de ses Chilades de Proverbes.
  2. Manuductio ad Philosoph. stoïc., lib. I, dissert. VI.
  3. Imprimé à Alsdorf, 1693.
  4. Pastor ac superintendens Schleugensis. Il publia à Leipsic, l’an 1603, Vitam et Fragmenta Pythagoræ.
  5. Tiré de la page 68 d’un petit livre intitulé : La Clef du cabinet des princes de l’Europe, ou Recueil historique et politique sur les matières du temps, juillet 1704. On croit que ce livre a été imprimé au Luxembourg. Il y a au titre : Imprimé chez Jacques le Sincère, à l’enseigne de la Vérité, M. D. CCIV.