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PÉRICLÈS.

ont été mauvaises, sont montés au plus haut sommet de l’envie, et de la malignité. Ἐν μὲν γὰρ τοῖς εὐδοκιμοῦσιν ἔργοις καὶ πράγμασιν ἐπαινουμένοις αἰτίαν ϕαύλην ὑποτίθησι, καὶ κατάγεται ταῖς διαβολαῖς εἰς ὑποψίας ἀτόπους περὶ τῆς ἐν ἀϕανεῖ προαιρέσεως τοῦ πράξαντος, αὐτὸ τὸ πεπραγμένον ἐμϕανῶς οὐ δυνάμενος ψέγειν.... εὔδηλον ὅτι ϕθόνου καὶ κακοηθείας ὑπερβολὴν οὐ λέλοιπε. Præclaris enim et laudatis factis atque rebus maligni causam qui subjiciunt vitiosam calumniandoque in sinistras abducunt suspiciones de latente ejus qui rem gessit consilio, quandò ipsum factum palàm vituperare non possunt..... hos liquet ad summam invidentiam et nequitiam nihil sibi fecisse reliquum [1]. Je voudrais bien savoir si Duris de Samos, et Théophraste, attribuèrent à Aspasie les deux guerres que les poëtes lui imputèrent. Harpocration les cite de la même manière qu’il allègue Aristophane. Δοκεῖ δὲ δυοῖν πολέμων αἰτία γεγονέναι, τοῦ τε Σαμιακοῦ, καὶ τοῦ Πελοποννησιακοῦ, ὥς ἔςι μαθεῖν παρά τε ∆ούριδος τοὺ Σαμίου, καὶ Θεοϕράςου ἐκ τοῦ τετάρτου τῶν πολιτικῶν, καὶ ἐκ τῶν Ἀριςοϕάνους Ἀχαρνέων. Duorum bellorum, Samiaci et Peloponnesiaci, caussa censetur ; ut è Duride Samio, Theophrasti libro quarto Politicorum, et ex Aristophanis Acharnensibus cognoscere licet [2]. Mais que sait-on s’ils l’assuraient de leur chef, ou s’ils rapportaient cela comme l’opinion des envieux de Périclès, et comme celle des poëtes ?

(I) Il mourut... après une longue maladie qui lui avait affaibli le jugement. ] « Il fut atteint de la peste, non pas si violente ne si aguë que les autres, ains foible et lente, et qui par long traict de tems, et avec plusieurs changemens luy amortit. peu à peu la force et vigueur de son corps, et surmonta la gravité de son courage et de son bon jugement : et pourtant Theophrastus en ses morales, au lieu où il dispute si les meurs des hommes se changent selon leurs avantures, et si les passions et afflictions du corps les peuvent tant altérer, qu’elles les facent issir hors des lices et des bornes de la vertu, recite que Pericles en ceste maladie monstra un jour à l’un de ses amis, qui l’estoit allé visiter, ne gay quel charme preservatif, que les femmes luy avoient attaché comme un carcan autour du col, pour luy donner à entendre qu’il estoit fort mal, puisqu’il enduroit qu’on lui applicast une telle folie [3]. » J’ai cité le grec de Plutarque dans l’article Desbarreaux [4]. Il y a sans doute une faute dans le chapitre où Élien conte que Périclès, Callias et Nicias, ayant mangé tout leur bien, avalèrent un grand verre de ciguë. Ce fut la dernière santé qu’ils se portèrent, ne voulant plus vivre après qu’ils ne pouvaient plus faire bonne chère [5]. Si la mémoire d’Élien ne l’a point trompé, il faut dire que ses copistes ont écrit Périclès au lieu d’Épiclès : car nous lisons dans Athénée, qu’Antoclès et Épiclès ayant résolu de vivre ensemble, et sacrifiant toutes choses à la volupté, s’ôtèrent la vie avec un verre de ciguë, lorsqu’ils virent que tout leur argent était dépensé [6].

(K) Plutarque fait une réflexion solide sur la nature de Dieu. ] Immédiatement après les paroles que j’ai rapportées dans la remarque précédente, selon la version d’Amyot, vous lisez ceci [7] : « À la fin, comme il fut arrivé bien près de passer le pas de la mort, les plus gens de bien de la ville, et ceulx qui estoyent demourez encore vivans de ses amis, estans autour de son lict, se meirent à parler de sa vertu, et de la grande puissance et authorité qu’il avoit eue, en pesant la grandeur de ses faicts, et comptant le nombre des victoires qu’il avoit emportées : car il avoit gaigné neuf batailles estant capitaine general d’Athenes, et en avoit érigé autant de trophées à l’honneur de son

  1. Amyot dans la version de la Vie de Periclès, pag. 856, A.
  2. Harpocr., in Ἀσπασία, pag. m. 79.
  3. Amyot, dans la version de la Vie de Périclès, pag. 620, 621.
  4. Citation (22).
  5. Κώνειον τελευταίαν πρόποσιν ἀλλήλοις προπιόντες, ὥσπεροὖν ἐκ συμποσίου ἀνελύσαν. Cicutam invicem propinantes extremam potionem quasi à convivio ad inferos migrârunt. Ælian., Variæ Hist, lib. IV, cap. XXIII.
  6. Athen., lib. XII, pag. 537.
  7. Amyot, dans la version de la Vie de Périclès, pag. 621, 622.