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PERGE. PÉRIANDRE.

36, puisqu’ils ne disent rien de cet Attalus. Notez que l’histoire de Polybe ne s’étendait pas jusqu’à l’an de Rome. VII. Attalus III était surnommé Philométor, et non pas Philopator. Cette faute aussi se trouve dans le père Labbe[1]. Mais ce qu’il y a de plus blâmable, c’est avoir fourré, entre ces trois Attalus, un Attalus Philadelphe, sans avertir que ce n’est pas un nouvel Attale. L’omission de cet avertissement fait croire au lecteur que cet Attalus Philadelphe est différent des trois autres, et néanmoins il est le même qu’Attalus II. Nous allons voir si son article est comme il faut. VIII. On n’y distingue point ce qu’il fit avant qu’être roi, d’avec ce qu’il fit sous le règne de son frère : il n’y a point de lecteurs qui n’aient droit de s’imaginer que tout ce que l’on raconte fut fait par Attale depuis qu’il fut établi tuteur de son neveu avec le titre de roi. Or cela est faux. IX. Ce ne fut point lui qui soutint le siége de Pergame contre Antiochus. Nous avons vu[2] que le roi Eumènes était en personne dans Pergame pendant le siége. X. Il ne fit point la guerre à Persée roi de Macédoine : il fallait dire qu’il assista à cette guerre comme allié des Romains. XI. Strabon et Appien qu’on cite ne disent point qu’Attale fit prisonnier Prusias. XII. Ni qu’il envoya des présens à Scipion Émilien devant Numance. XIII. Ni qu’il périt par les embûches de son neveu Attale. Il était mort avant que ce Scipion allât à Numance.

  1. Labbe, pag. 391, à l’ann. 621.
  2. Dans la dernière remarque de l’article précédent, à la fin.

PERGE, ville de Pamphilie, auprès de laquelle, sur un lieu fort élevé, l’on bâtit un temple de Diane[a]. Il était fort ancien, et on l’avait en grande vénération [b] : et quoique la Diane d’Ephèse surpassât la Diane de Perge, celle-ci ne laissait pas d’avoir bonne part à la dévotion des peuples. Il s’y faisait tous les ans une assemblée[c] ; c’est alors sans doute que l’on chantait les hymnes que Damophila, contemporaine de Sapho, avait composées en l’honneur de cette déesse, et qui se chantaient encore au temps d’Apollonius de Tyane[d]. Il y a plusieurs médailles qui parlent de la Diane de Perge, περγαία Ἄρτεμις[e]. C’est une des villes où saint Paul annonça la foi[f]. Le fameux géomètre Apollonius Pergéus[g], dont on a un livre des sections coniques, en était natif. Elle est à présent en mauvais état ; le siége archiépiscopal en a été à Attalia[h], l’une des quatorze villes qui en dépendaient auparavant. Perge est à huit milles de la mer.

  1. Strabo, lib. XIV, pag. 459.
  2. Pergæ fanum antiquissimum, et sanctissimum Dianæ scimus esse, id quoque à te nudatum et spoliatum esse, ex ipsâ Dianâ quod habebat auri detractum atque ablatum esse dico. Cicero in Verrem, orat. VI.
  3. Strabo, lib. XIV, pag. 459.
  4. Voyez Philostr. in ejus Vitâ, lib. I.
  5. Spanhemius, de Præst. et Usu Numism. pag. 782.
  6. Actes des Apôtres, cap. XIII et XIV.
  7. J’ai donné son article tom. II.
  8. Baudrand, Geograph.

PÉRIANDRE, tyran de Corinthe. On la mis au nombre des sept sages de la Grèce ; mais on aurait eu plus de raison de le ranger parmi les plus méchans hommes qui aient jamais été : car il changea le gouvernement de sa patrie (A), il en opprima la liberté, il y établit pour lui la puissance monarchique[a] ; et afin de se maintenir dans l’usurpation il fit mourir les principaux de la ville, les croyants capables de remettre les affaires

  1. Diog. Laërtius, lib. I, num. 98.