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PERGAME.

chesses en homme d’honneur, et en homme magnanime. Il fut fidèle à ses alliés ; il vécut en fort bonne intelligence avec sa femme (E), et il éleva très-bien ses quatres fils[a]. Eumènes, l’aîné de tous, lui succéda. Il était d’un tempérament infirme , mais d’une grandeur de courage qui suppléait à la faiblesse de son corps. Il aimait la gloire souverainement ; il fut magnifique, et il combla de bienfaits plusieurs villes grecques, et plusieurs particuliers. Il étendit au long et au large les bornes de ses états, et ne fut redevable de cet agrandissement qu’à son industrie et qu’à sa prudence. Il sut si bien contenir ses frères dans leur devoir (F), qu’ils concoururent avec lui au bien de l’état sans se laisser jamais entraîner à des entreprises factieuses[b]. Il se tint inviolablement attaché à l’alliance des Romains, et il en tira de grandes utilités. Il amena en personne une bonne flotte au consul Flaminius, pendant la guerre contre Philippe, roi de Macédoine[c]. Il excita les Romains à faire la guerre à Antiochus, et il éprouva que les principes sur lesquels il raisonnait, en leur donnant ce conseil, étaient fort justes[d] ; car il fut gratifié de plusieurs provinces qui furent ôtées à Antiochus après la bataille de Magnésie[e] (G). Il excita les mêmes Romains à la guerre contre Persée, roi de Macédoine [f], et il fit pour cela un voyage exprès à Rome. En s’en retournant par Delphes, où il voulait faire un sacrifice, il fut blessé dangereusement par des assassins que Persée avait apostés[g]. Il n’en mourut pas ; mais le bruit de sa mort se répandit jusqu’à Pergame. Il dissimula en partie le ressentiment qu’il eut de ce qu’Attale, son frère, s’était montré un peu trop ardent à succéder[h]. Il n’assista point à la guerre contre Persée [i], et quelques-uns disent qu’il se rendit suspect aux Romains. N’oublions pas qu’il perdit une bataille navale par un stratagème d’Annibal (H), et qu’il y pensa périr. Il était alors en guerre avec Prusias, roi de Bithynie. Il mourut fort âgé (I) l’an 596, laissant la tutelle à son fils, et l’administration du royaume à son frère Attale[j]. Celui-ci, à proprement parler régna jusques à sa mort. Il commença sa régence par une action glorieuse ; ce fut de rétablir Ariarathe dans le royaume Cappadoce[k]. Il se signala par plusieurs autres actions[l], et mourut, l’an 516 ; ensuite de quoi son pupille Attale régna seul. Celui-ci fut surnommé Philémetor (K) : il aima extrêmement l’agriculture (L), et il en fit même des livres. Il fut fort cruel[m]. Il envoya de riches

  1. Ex eodem Polybio, in Excerptis Valesianis, pag. 103.
  2. Idem, ibid., pag. 166 et seq.
  3. Titus Liv., lib. XXXIV, pag. 632.
  4. Voyez Tite Live, liv. XXXIV, p. 651.
  5. Elle se donna l’an de Rome 563.
  6. Idem Livius, lib. XLII, pag. 803.
  7. Idem, ibid., p. 815.
  8. Voyez la rem. (F).
  9. Livius, lib. XLIV, pag. 853.
  10. Strabo, lib. XIII, pag. 429.
  11. Polyb. in Excerpt. Valesian., p. 168.
  12. Voyez la remarque des fautes de Moréri.
  13. Voyez la rem. (L).