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PEYRE.

guenots ? Ce ne saurait être n’y M. Conrart, ni M. de Saumaise, ni M. Daillé, que j’ai tant loués, et tant célébrés ; que j’aime, que j’honore, que j’estime si parfaitement, et par une profession si publique. Il faut sans doute que le bon monsieur de Peyrarède n’ait pas voulu faire différence entre la raillerie et le sérieux, et que dans la liberté de notre conversation, il ait pris au criminel quelque parole qui venait d’une intention innocente. Sans m’enfoncer en matière plus avant, je vous proteste, mon chèr monsieur, que je n’ai pas plus d’aversion pour les huguenots, que vous en avez pour les catholiques.

(B) La Mothe-le-Vayer.….….. l’a cité avec honneur. ]. « J’ai suivi l’interprétation du docte M. Peyrarède, » dit-il dans ses notes sur le XIXe. chapitre du IIe. livre[1]. Ailleurs il se sert d’une autre épithète encore plus relevée. Ces paroles, dit-il[2], sont assez obscures, je les ai interprétées selon l’exposition de l’illustre M. Peyrarède, L’abbé de Marolles le cite souvent dans ses remarques sur Stace.

(C) Je citerai un passage qui lui est fort honorable. ] « Le courrier de vendredi m’apporta des nouvelles de notre M. de Peyrarède. Savez vous bien que son nom fait déjà beaucoup de bruit à Paris, et que les Celtes admirent les Aquitains ? ou, s’il vous plaît que je vous le dise d’une autre façon, et que je parle d’un poëte poétiquement, le dieu de la Seine est étonné d’ouïr si bien chanter les muses de la Dordogne. Pour moi, je suis ravi de leur dernière composition : et si les âmes des bienheureux pouvaient être évoquées par les charmes des beaux vers, je ne doute point que celle du duc de Brézé ne descendît du ciel, a l’heure même qu’on lui dirait :

........Tu nube serenâ
Stellato fulgens apice, et radiante coronâ,
Ad tua sacra veni, quæ multo regia luctu
Concelebrat, sacrique chori, sanctusque senatus, etc.
Aspice ut ipsa gemens, ingenti affixa feretro,
Horridaque et laceris luget victoria pennis ;
Quæ quondàm tua castra, tuas comitata trinemes,
Hesperio toties mutas dùm sanguine pontum,
Deseruit tua signa semel : nunc cœdis acerbæ
Invidiam lenire velit : fatisque malignis
Imputat, infandæque excusat crimina cladis, etc.


Vîtes-vous jamais rien de plus noble, ni de plus pathétique, que cette pauvre Victoire, affligée de la mort de ce brave duc ? Quel spectacle de la voir avec ses habits tout déchirés, et ses ailes toutes rompues, faire pénitence de la faute qu’elle croyait avoir faite ; de la voir attachée et comme clouée à ce grand cercueil, qu’elle baigne de ses larmes ! Elle ne se peut consoler du malheur arrivé à Orbitello : elle voudrait bien en pouvoir accuser le mauvais destin : elle, etc.[3]. » C’est ce que M. de Balzac écrivit le 4 de décembre 1646.

  1. La Mothe-le-Vayer, Remarques sur Florus, pag. 910. Voyez aussi, pag. 842.
  2. Là même, pag. 933.
  3. Balzac, Lettres choisies, IIe. part., livre III, lettre XXXVII, pag. m. 378,

PEYRE (Jacques D’Auzoles [a] la), gentilhomme auvergnat [b], l’un des plus ridicules écrivains du XVIIe. siècle, nous apprend, à la tête de ses livres, qu’il était fils de Pierre d’Auzoles, et de Marie Fabri d’Auvergne[* 1]. Il ne méritait pas que de savans hommes le réfutassent, et cependant il eut cet honneur (A). On se moque de lui comme il faut dans un ouvrage de M. Baillet [c], en parlant du livre qu’il intitula : Anti-Babau[d]. Il mourut. d’apoplexie à Paris, le 19 de mai 1642[e]. J’ai dit quelque

  1. * * Il était, dit Leclerc, né le 14 mai 1571.
  1. Il n’est pas vrai, comme on l’assure dans Moréri, qu’il s’appellât d’Auzoles la Reine.
  2. Nobilis Arvernas. Ludov. Jacob, Biblioth. Pontific., pag. 343.
  3. Dans ses Anti, artic. CLXV.
  4. C’est une réponse à une lettre du père Bolduc.
  5. Ludov. Jacob, Biblioth. Pontificia, pag. 343 ; mais Pierre de Saint-Romuald, Journal Chronol., tom. I, p. 619, dit qu’il mourut de fièvre maligne le 30 de juin.