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PATRICE.

exemple..... 4o. On allègue que c’est un homme de grand crédit qui était notre partie secrète, qui poussait à la roue et qui briguait contre nous ; parce qu’on a trouvé parmi ces livres quelques volumes du factum de monsieur Fouquet, et de l’Histoire de l’entreprise de Gigeri ..... On a nommé trois livres, savoir un plein d’impiété ; c’est un livre huguenot intitulé l’Anatomie de la Messe, par Pierre Dumoulin, ministre de Charenton ; comme si l’inquisition était en France. C’est un livre de six sous. Paris est plein de tels livres, et il n’y a guère de bibliothéques où l’on n’en trouve, et même chez les moines..... Le second était un livre, à ce qu’ils disent, contre le service du roi ; c’est le Bouclier d’Etat, qui s’est vendu dans le palais publiquement, et auquel on imprime ici deux réponses. Le troisième est l’Histoire Galante de la cour, qui sont de petits libelles plus dignes de mépris que de colère. Je pense que ces trois livres ne sont qu’un prétexte, et qu’il y a quelque partie secrète qui en veut à mon fils, et qui est la cause de notre malheur[1]. Dans tout cela vous ne voyez rien qui aille au fait, c’est-à-dire à la cause que l’on débitait dans Paris comme la vraie raison de la disgrâce. On disait, 1o. que Charles Patin fut envoyé en Hollande avec ordre d’acheter tous les exemplaires des Amours du Palais-Royal, et de les brûler sur les lieux, sans en épargner aucun ; 2o. qu’un grand prince lui fit donner cette commission, et lui promit de récompenser ses peines ; 3o. que ce commissionaire ayant acheté tous les exemplaires, ne les brûla pas, et en fit entrer un bon nombre dans le royaume. Voilà le bruit commun : je ne sais pas s’il est bien fondé.

  1. Guy Patin, lettre CCCCLXVIII, pag. 370 du IIIe. tome.

PATRICE (Augustin), en latin Patricius[a], chanoine de Sienne, et puis maître des cérémonies de la chapelle du pape, et enfin évêque de Pienza dans la Toscane, a fleuri vers la fin du XVe. siècle. Le cardinal François Piccolomini, archevêque de Sienne, qui a été pape sous le nom de Pie III, lui donna ordre de composer un abrégé des actes du concile de Bâle. Nous verrons ci-dessous de quelle manière cela fut exécuté (A). Ce n’est pas le seul ouvrage d’Augustin Patrice. Il en composa un autre touchant les cérémonies de la chapelle du pape[b] (B). Il fut secrétaire de ce cardinal François Piccolomini, dans la légation d’Allemagne, sous le pontificat de Paul II[c]. J’examinerai si le père Mabillon a dû dire qu’il y a eu un Augustin Patricius différent de celui-ci (C)[* 1].

  1. * L’article qu‘on trouve sur Patrice, dans Chaufepié, est extrait du tome VII des Mémoires de Niceron. Le nom de famille est Patrizi. Augustin Patrice est mort en 1496.
  1. Cela doit s’entendre aussi des Patrices des deux articles suivans.
  2. Voyez ci-dessus la rem. (D), de l’article Grassis (Paris de), tom. VII, p. 206.
  3. Tiré de Spondanus, ad ann. 1431, n. 9, pag. m. 805.

(A) Nous verrons........ de quelle manière cela fut exécuté. ] Augustin Patrice se servit, entre autres ouvrages, de deux gros livres, dont le cardinal de Saint-Marc lui prêta un exemplaire. Il assure qu’il les a vus à Bâle où ils étaient gardés avec un soin tout particulier, comme l’on gardait anciennement ceux des sibylles, et que Jean de Ségovie, Espagnol de nation, nommé cardinal de Saint-Calixte par le concile de Bâle, homme qui s’obstina dans le schisme jusques à la mort, est l’auteur de ces deux compilations. Il ajoute qu’il se servit d’une histoire que Dominique, cardinal de Ferme, avait faite de la première partie de ce concile. Ce cardinal y assista jusqu’au temps de la rupture entre Eugène IV et cette assemblée. Notez que l’ouvrage d’Augustin Patrice n’est point imprimé[* 1]. M. Rigault le prê-

  1. * Niceron dit qu’il est imprimé dans le tome XIII des Conciles, du père Labbe.